Selon Me Mohamed Akdime, il faut réfléchir et trouver des solutions aux cas exceptionnels d'avortement. ALM : Des associations appellent à alléger la loi concernant l'avortement. Qu'en pensez-vous ? Me Mohamed Akdime : Il faut réserver un paragraphe dans le code pénal pour les cas exceptionnels d'avortement notamment lorsqu'il y a viol, inceste, malformation du fœtus, maladie psychiatrique de la mère entre autres. En l'absence du conjoint, la décision d'avortement devrait être déléguée au médecin chef de la préfecture, ou dans un deuxième niveau au père, ou à la mère, ou dans un troisième niveau, au frère ou autre tuteur. Ce paragraphe doit concerner les cas exceptionnels et non être la règle. Ceci à l'instar de l'article 453 du code pénal. Que pensez-vous de l'initiative de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin d'organiser un congrès national sur cette problématique? Toute initiative visant à approfondir de manière scientifique le débat à ce sujet ne peut être que louable et mérite le soutien de tout le monde. Un congrès réunissant des centaines de participants et proposant des recommandations ne peut être que riche et préférable à une cogitation entre deux personnes. Il est important de se pencher sur ce sujet dans la mesure où l'avortement clandestin est un phénomène qui prend de l'ampleur dans la société marocaine et qu'on doit reconnaître. Du point de vue religieux, il est dit que «Dieu a défendu de mettre terme à une vie, sauf si cela est juste», et la porte de l'«Ijtihad » (effort de réflexion) reste ouverte. C'est-à-dire qu'il faut exposer toutes les thèses et antithèses concernant ce sujet. Ainsi l'avortement ne doit pas être un tabou. Quels sont les cas les plus fréquents devant les tribunaux ? Les cas d'avortement ne sont présentés devant la justice que lorsqu'il y a eu décès de la mère ou que celle-ci ait subi de graves séquelles ou un handicap suite à l'opération. Mais dans la majorité des cas, les avortements se font de manière clandestine. Et cela crée une véritable anarchie. Il y a des médecins qui pratiquent ces opérations à des prix exorbitants atteignant parfois les 20.000 DH ou encore d'autres qui le font à des prix moindres, dans des conditions malsaines. Il y a aussi des infirmières qui se sont lancées dans ces opérations, et même des charlatans. Une légifération à ce niveau est importante. L'Ordre des médecins doit aussi se pencher sur les questions éthiques liées à ce sujet.