Abdelbari Zemzmi estime que le fait d'éviter le pèlerinage et la Omra serait conforme à la Chariâ. ALM : Que pensez-vous de la recommandation de l'OMS ? Abdelbari Zemzmi : J'ai dit à plusieurs reprises qu'il ne suffit pas d'interdire le pèlerinage aux personnes âgées et aux enfants. Le pèlerinage et la Omra doivent être interdits cette année en raison de la pandémie de la grippe A/H1N1. L'interdiction dans ce cadre serait largement justifiable et conforme à la Chariâ. Les versets du Coran et les hadith du Prophète Sidna Mohammed sont clairs dans ce sens. Le Prophète nous a recommandé, rappelons-le, de ne pas rentrer dans un pays qui soit touché par la pandémie au même titre que les habitants de ce pays qui doivent à leur tour s'abstenir de le quitter. L'objectif de cette démarche serait de restreindre la propagation de la pandémie. Cette recommandation du Prophète correspond parfaitement à la situation actuelle. D'ailleurs, on dit qu'en Islam le fait de repousser un préjudice est toujours prioritaire. En plus, celui qui a l'intention de se rendre en Arabie Saoudite pour accomplir la Omra ou le pèlerinage aura la même récompense que celui qui l'accomplit effectivement. Les actes dépendent des intentions, comme le dit le Prophète. C'est une règle primordiale en Islam.
Au cas où le pèlerinage serait maintenu, pensez-vous que son interdiction aux personnes âgées et aux enfants serait une bonne démarche? Absolument pas. ça n'a aucun sens. Les statistiques faisant état de l'expansion de la pandémie indiquent que les personnes les plus touchées par la grippe sont les jeunes et non les enfants et les personnes âgées. Cette grippe ne fait pas de distinction selon l'âge.
Quelle lecture faites-vous du mutisme des ouléma de l'Arabie Saoudite ? Tout simplement parce que ces ouléma dépendent de la politique du gouvernement. Ils n'ont pas de position indépendante. Leurs «fatwas» correspondent généralement à la politique prescrite par le gouvernement. Chacun sait qu'il n'est pas de l'intérêt de l'Arabie Saoudite que le pèlerinage soit interdit vu son impact sur l'économie saoudienne. Et comme vous l'avez remarqué récemment, le Mufti de l'Arabie Saoudite a émis un avis franchement ridicule à propos de la pandémie. Il a prétendu que l'expansion de la maladie, qui a fait des centaines de morts, serait manipulée par les campagnes des médicaments afin de doper leurs ventes. Quelqu'un de sage ne serait tenir de tels propos.