Abdelbari Zemzmi, de son vrai nom Abdelbari Benseddik, 61 ans, est décidé à poursuivre ce qu'il considère être son devoir de propager la Daâwa. Aujourd'hui, il pourrait troquer sa djellaba de fqih contre le costume d'un chef de parti. Mais qui est vraiment cet imam très controversé ? De son vrai nom Abdelbari Benseddik, Zemzmi est issu d'une grande famille très connue à Tanger et dont les membres sont imbus de culture théologique, notamment la culture islamique originale (Coran et Sounna). Le nom de Zemzmi, Abdelbari l'a hérité de son père un «alem» enseignant de Chariâ. Abdelbari est né en 1943 dans cet environnement de culte et de recherche théologique. De facto, il se retrouve en plein dedans puisque certains cours de son père sont donnés au sein même de la demeure familiale quand ce n'est pas à la mosquée. Arrivé à la fin de ses études, le jeune Zemzmi s'attèle à la Daâwa islamique. C'est dans sa ville natale qu'il a commencé à faire des prêches, à donner des cours dans différentes mosquées et autres lieux de réunions. Sentant sa cuirasse d'alem bien forgée, Abdelbari fait ses valises et part s'installer à Casablanca en 1975 pour continuer son devoir de faire la Daâwa. Une année plus tard, c'est-à-dire en 1976, il devient prédicateur du vendredi à la mosquée Al Hamra et avait de plus d'adeptes venus écouter ses prêches virulents et incisifs à l'égard de tout ce qu'il considérait comme facteurs d'apostasie. Ce qui va lui créer des problèmes à différentes étapes avec les autorités locales et par conséquent il a arrêté ses prêches pendant un certain temps. La vie de Zemzmi va désormais être rythmée par le prêche à la mosquée Al Hamra et l'interdiction, jusqu'en 2001 lorsque le gouvernement Youssoufi y mettra fin une bonne fois pour toutes. Connu pour son antisémitisme qu'il argumente à coups de sourates condamnant les Juifs en général, l'ex-imam de la mosquée Al Hamra se fera beaucoup d'ennemis au fur et à mesure qu'il multipliait les déclarations et les sorties médiatiques tonitruantes. Mais ce qui lui vaudra un lynchage médiatique notamment de la part de la presse des partis de gauche, c'est sa déclaration dans laquelle il renia le statut de martyr à Mehdi Benbarka. Encore faut-il signaler que Zemzmi nie avoir cité nommément Benbarka. «Je n'ai nommé personne, j'ai parlé de manière générale des impies, qui ne peuvent en aucun cas prétendre au statut de martyr, même s'ils ont sacrifié leur vie pour un quelconque idéal», explique-t-il. Interdit de prêche du vendredi certes, mais cela est loin de signifier que Zemzmi ait renoncé à son «devoir» de poursuivre coûte que coûte la Daâwa. Et bien qu'il soit littéralement lâché par ses amis du PJD, il continue d'accorder des interviews et de multiplier les déclarations à la presse, de faire des prêches un peu partout au Maroc, et de publier des ouvrages, dont le dernier en date remonte à 2001. Son activisme bat son plein pendant le Ramadan et lors d'autres manifestations à caractère religieux. Une activité qui s'étend même au-delà des frontières. Abdelbari est souvent invité à des séminaires ou des rencontres d'ouléma à l'étranger (USA, Allemagne, Angleterre...). Actuellement, il est à l'affiche puisqu'il a subitement montré des affinités avec le parti de la Choura et de l'Istiqlal. Ceci étant, Zemzmi continue de nier toute appartenance à une quelconque obédience politique. N'empêche qu'en politique, les hommes se distinguent par ce qu'ils montrent, mais se ressemblent par ce qu'ils cachent.