De quel droit pourrons-nous même dénoncer le «tous pourris» si par notre abstention nous n'avons pas contribué à élire des candidats sérieux. Cette expression est courante en ces temps de campagne électorale, on l'entend sous différentes formes dans la rue, on la lit dans la presse, elle revient aussi dans la bouche de nombreux «bourgeois» et elle sert de prétexte à bien des abstentionnistes qui justifient à l'avance leur non participation au vote. Pour autant, cette exclamation est-elle juste ?? Bien sûr que non: nombreux sont les élus animés par une réelle volonté de servir leur commune, être au service des citoyens, participer au développement de leur ville, de leur quartier, de leur région ; nombreux sont les candidats qui tentent de convaincre les électeurs avec sincérité, honnêteté, en présentant de vrais programmes et s'investissent avec abnégation. Alors pourquoi, malgré ceux-ci, cette impression de «Tous pourris» prend-elle le dessus ? En raison du passé tout d'abord où tant et tant d'élus n'étaient pas reluisants, en raison aussi et surtout de pratiques qui ont justifié (-et continuent de nos jours-) cette impression que l'on ne pouvait décidément pas accorder confiance à des politiques absents ou distants tout au long de leur mandat et qui ne réapparaissent qu'au moment des élections. Et puis bien sûr en raison de cet argent qui circule en dépit de tout sens commun et de ce sentiment ressenti par nombre de nos concitoyens qu'il leur faut payer des «dessous- de-table» pour obtenir ce qui est pourtant de leur droit le plus absolu. Tout ceci est connu, pour autant ce «tous pourris» n'est-il pas un peu facile, un peu commode ? Supposons que les «pourris» soient réellement nombreux, n'est-ce pas justement une raison valable pour aller voter et les renvoyer à leur foyer ? En rejoignant le rang des abstentionnistes, ne favorisons-nous pas l'élection de ceux qui ne le méritent pas ? En nous lavant les mains de toute responsabilité, en n'usant pas de notre droit (et notre devoir) de vote ne nous mettons-nous pas «hors-jeu» du processus démocratique. D'ailleurs, de quel droit viendrons-nous, par la suite, protester contre la mauvaise gouvernance locale, contre l'incompétence des élus, contre le mauvais état des chaussées, le non éclairage des rues, l'absence d'infrastractures sociales, éducatives,sportives… si nous n'avons pas mis de bulletin dans l'urne ? De quel droit pourrons-nous même dénoncer le «tous pourris» si par notre abstention nous n'avons pas contribué à élire des candidats sérieux et compétents ? On le voit bien, la logique du «Tous pourris» ne tient plus, alors nous n'avons pas le droit de rester silencieux : usons de nos voix pour ouvrir de nouvelles voies ! Aux urnes Marocains (es) ! Notre quartier, notre ville, notre pays le méritent.