Le remaniement ministériel aura lieu comme l'a annoncé le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant entre le 8 juin et le 13 juillet, veille de la pause estivale. Lorsqu'en pleine campagne des présidentielles de 2007, Claude Allègre, l'ancien ministre de l'éducation nationale de Lionel Jospin, a été surpris en train de filer en douce, lunettes noires et pas furtifs, par une porte dérobée du QG de Nicolas Sarkozy, l'impression était déjà installée que l'homme qui rêver de «dégraisser le mammouth» avait déjà changé de camp et s'est installé avec armes et bagages sur les terres accueillantes de la Sarkozie. Et la question qui brûlait les lèvres n'était pas :allait-il faire partie du casting d'ouverture, mais quand ? Aujourd'hui, deux faits significatifs sont presque aussi certains l'un que l'autre. Le remaniement ministériel aura lieu comme l'a annoncé le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant entre le 8 juin, au lendemain des élections européennes et le 13 juillet, veille de la pause estivale. Et l'entrée de Claude Allègre au gouvernement dans un poste et une fonction qui reste à définir. Nicolas Sarkozy n'a jamais caché son désir de faire appel aux services de Claude Allègre. Dès février, le président de la République le qualifiait déjà de «grand scientifique (…) un homme avec qui j'aimerais un jour travailler». Mais c'est Claude Allègre lui même qui permit à la rumeur de sa prochaine entrée au gouvernement de s'affoler. Sans que personne ne lui demande quoi que ce soit, il prend la décision de confier à la presse qu'il est prêt à prendre la tête d'un «ministère du Commerce international et de l'Industrie» sur le modèle inimitable du Miti japonais. Et d'ajouter cette petite phrase fielleuse : «c'est le genre de chose qui m'intéresse et qui intéresse le président de la République». Le choix de Claude Allègre, 72 ans, semble poser tellement de complications que la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy a été obligée de monter au créneau pour le défendre. Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, tente de justifier un tel choix : «nous pensons que l'ouverture ça marche, que l'ouverture c'est utile, notamment en période de crise». Tandis que Brice Hortefeux s'est montré effervescent: «je suis convaincu que l'une des empreintes du sarkozysme c'est sa capacité à s'ouvrir. Cela signifie tout simplement qu'il n'y a aucune raison d'y renoncer et au contraire, tous les motifs pour persévérer». Même Patrick Devedjian, l'homme qui, un jour de colère froide, avait demandé à ce que l'ouverture aille «jusqu'aux sarkozystes» semble avoir mis de l'eau dans son vin. Claude Allègre «est un homme qui a du talent (…) on a besoin de tout le monde». Cette défense indique un fait incontestable. Cette prochaine nomination de Claude Allègre révèle un malaise aigu au sien de la majorité. De nombreux ministres craignent de voir le périmètre de leurs domaines de compétence rogné par la nouvelle structure que Nicolas Sarkozy s'apprête à mettre à la disposition de Claude Allègre. Ce qui oblige à procéder à de douloureuses et conflictuelles cohabitations ou à revoir l'ensemble de l'architecture gouvernementale. Mais l'homme qui a déclamé le plus violent réquisitoire contre le choix de Claude Allègre est l'ancien ministre UMP de l'Enseignement supérieur François Goulard : «il y a des ministres d'ouverture qui sont plutôt de bons ministres, mais Allègre ce serait de la folie (…) Dans le monde de l'éducation, il est complètement décrédibilisé, dans le monde de la recherche, il est littéralement ridicule (…) l'espèce de débat qu'il a essayé d'avoir sur le réchauffement climatique l'a entaché d'illégitimité aux yeux de la communauté scientifique (…) le remettre dans les fonctions qu'il a occupées autrefois serait une erreur politique de premier ordre». Ce qu'a confirmé avec une jolie formule, la secrétaire nationale à l'Environnement du PS, Laurence Rossignol, en qualifiant la nomination de Claude Allègre de «grenello-incompatible» Du choix de Claude Allègre, le PS ne semble plus faire un drame. Claude Allègre avait quitté le parti en 2008 après avoir livré un livre contre Ségolène Royal «La défaite en chantant». Les socialistes par la voix de Michel Sapin poussent un cri de soulagement. Cette nomination qui visait à «jeter le trouble», n'a pas atteint son but. «Au contraire, ce serait très bien cela nous débarrasserait». Le trouble c'est la majorité présidentielle qui risque de le prendre de plein fouet.