Deux ans après la décision de cassation rendue par la Cour suprême, le rejugement des prédicateurs Hassan Kettani et Abdelwahab Rafiki n'a toujours pas lieu. L'Association Annasir proteste contre les reports de ce rejugement. L'audience de Hassan Kettani et Abdelwahab Rafiki (Abou Hafs) a été reportée onze fois depuis le jugement de cassation de mars 2007. «La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca tarde à mettre en œuvre la décision de la Cour suprême», relève Abderrahim Mouhtad, président de l'association Annasir. Cette ONG, créée dans la foulée des événements tragiques du 16 mai 2003, n'entend pas rester les bras croisés. Dans un communiqué, dont copie est parvenue à ALM, «Annasir» annonce un sit-in pour vendredi 6 mars devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca, située au quartier El Oulfa. «Dans le cadre de son soutien aux détenus islamistes et pour défendre leur droit à un procès équitable et impartial, et suite au report du rejugement des deux cheïkhs Abdelwahab Rafiki (alias Abou Hafs) et Hassan Kettani, Ennasir organise un sit-in vendredi 6 mars à 10 heures du matin à Casablanca», peut-on lire dans le communiqué. Contacté par ALM, le président de cette ONG, M. Mouhtad, a appelé à «l'accélération de la procédure de rejugement, conformément à la décision rendue par la Cour suprême». La Cour d'appel, qui doit rejuger MM Rafiki et Hassan Kettani, condamnés respectivement à 30 et 20 ans, avait exigé l'audition des témoins. Mais «le Parquet refuse toujours de présenter les témoins, qui sont tous en détention», déplore le président de l'association «Ennasir». M. Mouhtad dénonce une obstruction, «parce que l'on refuse d'innocenter ceux que l'on présente depuis 5 ans comme les idéologues des attentats ignobles du 16 mai». «En réalité, la procédure de rejugement décidée en mars 2007 s'est enlisée en raison des attentats terroristes ayant visé Hay El Farah, à Casablanca», estime le responsable de l'ONG islamiste. M. Mouhtad en veut pour preuve « le fait que, bien avant les attentats de Hay El Farah, la procédure de rejugement de plusieurs autres détenus islamistes se soit déroulée sans problème». Il cite en exemple le cas du père d'Abdelwahab Rafiki, Ahmed Rafiki alias Abou Houdaïfa, qui a retrouvé depuis quelque temps sa liberté, après avoir vu sa peine passer de 10 à 5 ans de prison. Il cite, également, le cas de l'élargissement du salafiste Omar Nadif dont la peine (16 ans) a été réduite à 6 ans de prison. Il cite, encore, un ex-condamné à la perpétuité, Abdelaziz Al Basri, qui au terme de la révision de son procès a vu sa peine baisser à 12 ans. Pour rappel, Hassan Kettani et Abdelwahab Rafiki avaient rendu public le 29 décembre 2008 un communiqué dans lequel ils avaient clamé leur innocence. «Nous ne sommes pas des chioukhs de la Salafiya Jihadia (…) Nous soulignons que nous étions et restons un prolongement du mouvement des Oulémas qu'a connu le pays depuis l'avènement de l'Islam et jusqu'à aujourd'hui», avaient précisé les deux anciens prédicateurs. «Nous appelons les consciences vives et le milieu associatif à soutenir notre cause juste et à œuvrer pour notre libération», avaient-ils exhorté.