La Cour d'appel de Casablanca a reporté, au 5 juin, le procès de Abou Hafs et Hassan Kettani. Mostafa Ramid estime que c'est une occasion pour la justice de prouver son "indépendance". La Cour d'appel de Casablanca a reporté, vendredi dernier, au 5 juin, le procès de Mohamed Abdelouahab Rafiki, alias Abou Hafs, et Hassan Kettani. Ce report s'était imposé du fait que les deux accusés n'ont pas pu comparaître devant les juges qui réexaminent leur affaire après la décision de la Cour suprême ayant cassé, fin décembre 2006, le verdict rendu à leur encontre par la même Cour d'appel de Casablanca qui les avait condamnés, le 26 septembre 2003, à 30 et 20 ans de prison ferme. Interrogé par ALM, Mostafa Ramid, l'un des avocats de leur défense, a indiqué qu'il gardait espoir dans le travail de la justice. «Si je n'avais pas d'espoirs, j'aurais arrêté de les défendre», déclare l'avocat et député PJD. «Le terrorisme existe au Maroc et il faut sévir contre les terroristes, mais, dans le cas de Kettani et Abou Hafs, je défie quiconque d'apporter les preuves de leur culpabilité», ajoute Me Ramid pour qui «il ne s'agit pas de deux ou trois mois de prison, mais de 20 et 30 ans. Personnellement, je considère ce verdict comme étant politique et non judiciaire. Le choc des attentats du 16 mai a influencé le cours du procès de Kettani et Abou Hafs», conclut Mostafa Ramid. En cassant le verdict de la Cour d'appel de Casablanca, la Cour suprême avait estimé que la condamnation des deux jeunes hommes, qualifiés de "théoriciens du jihadisme", ne devait pas se baser sur les dépositions de témoins qui n'ont pas été auditionnés lors du procès par la cour qui a rendu les jugements. Depuis quelques semaines, les "chioukh" de la Salafiya ont multiplié les signaux envers la justice et les autorités. Abou Hafs, fin avril dernier et à l'approche de la commémoration du quatrième anniversaire des attentats du 16 mai 2003, avait émis un communiqué où il renie plusieurs des idées chères aux takfiristes. Il y nie appartenir à cette idéologie et en condamne les adeptes. «J'ai grandi et j'ai été éduqué dans cette société où j'ai étudié et obtenu mes diplômes supérieurs ; j'ai fait mes prières et j'ai prêché dans ses mosquées (…) ses gens sont ma famille, mes amis, mes connaissances et j'ai des relations avec des musulmans pratiquants et non pratiquants, sans oublier que j'ai tous mes papiers officiels et que j'ai toujours condamné, avant et après mon incarcération, l'extrémisme des kharijites égarés qui iront en enfer. Comment peut-on alors m'accuser d'être un takfiriste ?», écrivait Abou Hafs depuis sa cellule à Fès. «La prison m'a offert un espace de réflexion et de méditation (…) ce qui m'a permis de réviser plusieurs questions relatives aux principes fondamentaux (…) et je n'éprouve aucune gêne en révisant des positions que j'ai prises car la vérité, pour moi, est plus importante», poursuit-il dans ce qui s'apparente à une invite au dialogue. Faute d'une sortie similaire, Hassan Kettani observe un silence "assourdissant". Selon plusieurs sources salafistes, Hassan Kettani et Abou Hafs avaient bel et bien présenté des demandes de grâce à maintes occasions. La conjoncture vécue par le Maroc ces derniers mois n'aurait pas favorisé une réponse affirmative à la requête des deux jeunes théologiens. Mohamed Abdelouahab Rafiki, en plus de la remise en cause qu'il a initiée, ne perd pas de temps en prison. Actuellement, il serait en train de préparer un diplôme en théologie et une thèse qu'il prépare sous la supervision de professeurs de l'Université Sidi Mohammed Benabdellah à Fès.