Bernard Laporte fait partie de ces personnalités de la société civile que Nicolas Sarkozy, pour agrémenter son ouverture politique, a fait entrer au gouvernement. Plus fort qu'une Rama Yade, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, en pleine crise existentielle au Quai d'Orsay, plus déchaîné qu'une Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la Famille lors de la récente rencontre de l'UMP à Antibes où sa danse lascive avec les jeunes avait fait exploser le thermomètre, plus cru qu'une Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Politique de la ville qui tient absolument à faire du langage bas de gamme un signe distinctif d'identité…, voici Bernard Laporte, secrétaire d'Etat aux Sports qui s'apprête à arracher, haut la main, la palme de la gaffe politique assumée. Bernard Laporte fait partie de ces personnalités de la société civile que Nicolas Sarkozy, pour agrémenter son ouverture politique, a fait entrer au gouvernement. Les nombreuses réserves exprimées à l'époque par l'opposition et le milieux sportif auraient dû mettre la puce à l'oreille au président de la République. Mais l'Elysée, à la recherche de caractères forts et de coups politiques, après l'effet positivement ravageur produit pour l'ouverture ethnique et politique, les balayaient d'un détournement de menton. Laporte entrera au gouvernement Fillon II après la Coupe du monde de rugby. Bernard Laporte était connu de l'opinion par ses analyses littéraires souvent lyriques de la magie du ballon ovale. Un pur esthète de l'ovalie avec son accent chantonnant qui dégouline de rayons de soleil. Les imitateurs s'en donnaient à cœur joie. Un tel produit, racé, repérable entre mille autres, est un cadeau du ciel. Bernard Laporte était le sympathique entraîneur de l'équipe de France de rugby, plus proche du terroir, censé couver la qualité et les vraies valeurs, que le parisianisme mondialisé des sports qui dominent l'actualité comme le foot ou le tennis. A la veille de son entrée au gouvernement, Bernard Laporte commet sa première grande boulette de l'ère Sarkozy. Il fait lire à ses joueurs, juste avant le match d'ouverture France-Argentine jugé décisif, la lettre du jeune résistant communiste Guy Moquet que Nicolas Sarkozy voulait imposer aux écoles. Cette action tomba comme un cheveu sur le soupe et fut cataloguée come un acte majeur de courtisanerie. Bernard Laporte est, en plus d'être le numéro deux dans le grand ministère de Roselyne Bachelot, un redoutable homme d'affaires dans des secteurs aussi variés que l'immobilier, la restauration, les campings ou les casinos. Ce qui pousse certains à laisser planer des doutes et des interrogations quant à la vraie nature de ses relations avec le «milieu» et donne à l'administration fiscale un irrésistible envie d'en découdre avec cette homme soupçonné par ses détracteurs de mercantilisme aggravé. Récemment, il s'était fait remarquer par deux boulettes majeures qui ont fait bouger son indice de visibilité. La première est lorsque, terminant un discours officiel, il se ressaisit du micro pour annoncer sans crier gare qu'il n'était pas le père de l'enfant de Rachida Dati qui se trouvait à ses cotés en tant que maire du VIIe arrondissement. Les commentaires qui suivaient cette sortie inattendue oscillaient entre une goujaterie de paysan et une plaisanterie de mauvais goût. Bernard Laporte avait dit par la suite qu'il voulait mettre fin à une rumeur colportée, parue dans une vidéo qui circulait sur la toile et où l'on distinguait Rachida Dati et Bernard Laporte se livrer à une discussion langoureusement tactile. La seconde gaffe fut lorsque, voulant participer à l'indignation gouvernementale contre les siffleurs de la Marseillaise au Stade de France lors du match amical France-Tunisie, il proposa dorénavant de jouer les matches entre l'équipe de France et les pays du Maghreb en province, devant un «public sain». De toutes les réactions qui avait commenté les sifflets du stade de France, Bernard Laporte est celui qui avait choqué et fait couler le plus d'encre. Un des commentaires les plus acides lancé à la face de Bernard Laporte fut l'œuvre de Michel Platini, président de l'UEFA: «Le football est pris en otage par le monde politique». Réponse indignée de Bernard Laporte : «siffler une Marseillaise, c'est passible dans le code pénal de 7.500 euros (…)que chacun reste à sa place».