L'association des parents d'élèves inscrits à l'Ecole supérieure d'architecture de Casablanca (EAC) continue de revendiquer la reconnaissance immédiate des diplômes ainsi que la reprise de cette même école par l'Etat. L'affaire de l'Ecole supérieure d'architecture de Casablanca SARL a fait couler beaucoup d'encre dernièrement. Les parents d'élèves se sont réunis jeudi 17 juillet au siège de cet établissement pour demander individuellement «la signature d'un engagement écrit conjoint et solidaire de la société, des gérants et des actionnaires afin que le diplôme qui sera délivré à l'issue des études soit un diplôme d'architecture immédiatement reconnu et équivalent à celui de l'Ecole nationale de l'architecture de Rabat. Ce diplôme permettra l'exercice de la profession et l'inscription sur le tableau de l'Ordre des architectes», souligne un communiqué de l'association des parents d'élèves dont copie est parvenue mercredi 16 juillet à ALM. Les parents d'élèves craignent que les diplômes délivrés par l'établissement ne soient pas reconnus. «Cette école délivre un diplôme d'architecture et non pas d'architecte. Le diplôme de dessinateur ou technicien supérieur est aussi un diplôme d'architecture», déplore l'Association des parents d'élèves. Une situation alarmante sachant que les parents d'élèves doivent débourser la coquette somme de 80.000 dirhams par an et ne sont même pas certains que leurs enfants pourront obtenir un diplôme d'architecte. «Nous sommes face à un très grave problème. Nous avons inscrit nos enfants suite à la publicité faite à propos de cet établissement qui précise que les diplômes délivrés sont reconnus par l'Etat alors que nous avons été dupés. Le pire est que 62% des parents ont contracté des crédits bancaires pour payer les frais de scolarité», déplore une mère, membre de l'Association des parents d'élèves. Selon l'Ordre national des architectes, la seule école au Maroc habilitée à dispenser un enseignement de l'architecture et un diplôme d'architecte qui conduit à l'inscription au tableau de l'Ordre et à l'exercice du métier d'architecte est l'Ecole nationale d'architecture ( ENA). Outre le problème de reconnaissance des diplômes, le cahier des charges relatif à l'établissement n'a jamais été respecté. «Aucune clause du cahier n'a été appliquée», relève Othmane Mernissi, président de l'Association des parents d'élèves. «Pour preuve, l'article 10 précise que l'établissement s'est engagé à disposer d'au moins 9 enseignants permanents alors que jusqu'à ce jour, ils ne sont qu'au nombre de 2», précise-t-il. Conséquence : «le corps enseignant est composé de professeurs vacataires. Autre exemple, l'article 4 mentionne que l'école doit disposer de façon indépendante de 10 ateliers d'architecture, 4 ateliers d'arts plastiques, une salle de conférence, un centre de documentation… alors qu'il n'en est rien», assure l'association des parents d'élèves. Pour sa part, l'E.A.C précise dans un document que «la création de l'école est une décision gouvernementale, que la formation est conforme aux normes de qualité nationales et internationales et qu'elle respecte tous ses engagements». Pour rappel, lors d'une conférence de presse qui s'était tenue le 14 juin 2008, l'association avait reçu une proposition du directeur général de l'architecture qui avait été «jugée inacceptable aux yeux des élèves et de leurs parents dans la mesure où cette proposition consistait à adapter le cahier des charges de l'école aux irrégularités commises par la société adjudicataire», souligne un communiqué de l'association. Le même communiqué précise que «lorsqu' une société adjudicatrice d'un marché public s'avère défaillante, il y a lieu de procéder à la résiliation du marché en question, par conséquent l'Ecole d'architecture de Casablanca ne peut donc prétendre exécuter plus longtemps le marché relatif à la gestion de cette école ». C'est la raison pour laquelle les parents d'élèves revendiquent outre la reconnaissance immédiate des diplômes, la reprise de l'école par l'Etat dans la mesure où les bâtiments sont déjà propriété de l'Etat et l'Ecole nationale d'architecture assure la direction pédagogique de l'école. L'Ordre national des architectes pointe du doigt l'établissement. «Nous maintenons notre position contre la privatisation de l'enseignement de l'architecture. Ce qui s'est passé à l'EAC ne fait que confirmer notre position», souligne Omar Farkhani, président de l'Ordre national des architectes du Maroc avant d'ajouter que «exceptionnellement et ce dans l'intérêt des étudiants qui sont les victimes, nous soutenons les parents d'élèves pour que soit créée une école publique de droit privé où l'Etat sera le seul actionnaire». Dans un esprit de solidarité citoyenne, les parents d'élèves ont proposé qu'après déduction faite des frais de fonctionnement, le reliquat des frais de scolarité dont ils continueront de s'acquitter puisse servir à doter les étudiants et les plus démunis les plus méritants de bourses d'étude pour étudier au sein de cet établissement.