Les actions anti-marocaines se multiplient laissant entendre qu'il existe une volonté, au moins chez un secteur du gouvernement espagnol, à changer d'attitude envers le Royaume. La télévision publique espagnole renoue avec une façon de traiter les informations concernant le Maroc que d'aucuns considéraient révolue et ce depuis l'arrivée des socialistes au gouvernement. Hier, dans l'édition matinale du journal télévisé de la première chaîne TVE1, un reportage dédié à l'anniversaire de la récupération par le Maroc de la province de Sidi Ifni, la présentatrice s'est permis d'affirmer à ses téléspectateurs que les habitants de la ville regrettent le départ de l'Espagne de ce territoire. «Les habitants de Sidi Ifni ne sont pas contents de ceux qui les gouvernent aujourd'hui et sentent une nostalgie pour la période espagnole», a-t-elle dit avant la diffusion d'un reportage effectué à Sidi Ifni par le correspondant de la TVE au Maroc et dont la plus grande partie était consacrée aux images de l'intervention récente des forces de l'ordre dans cette ville. Affirmer dans une télévision publique que les habitants d'une ville marocaine ne sont pas «contents de ceux qui les gouvernent aujourd'hui» et qu'ils regrettent la période coloniale est une insulte à la population marocaine de la région, au peuple marocain tout entier et à la mémoire de tous les martyrs de la grande tribu des Aït Baamarne qui sont tombés sur le champ d'honneur en combattant le colonisateur. Ce qui se passe aujourd'hui, du côté espagnol, vis-à-vis du Maroc suscite beaucoup d'interrogations. Car, si dans un cadre global, le gouvernement espagnol continue à réaffirmer son intention de préserver le climat d'entente, de coopération et de bon voisinage avec le Maroc, des actions anti-marocaines se multiplient laissant entendre qu'il existe une volonté, au moins chez un secteur du gouvernement espagnol, à changer d'attitude envers le Royaume. La vague d'octroi de la nationalité espagnole à des citoyens de Sidi Ifni, en estimant qu'il s'agit de gens nés dans un territoire espagnol et non pas un territoire qui était en régime de colonisation, a précédé de trois semaines les événements qu'a connus la région. Ensuite, il y a eu la campagne menée contre la communauté marocaine résidant dans ce pays avec un plan d'aide au retour et une rafle sans précédent contre cette même communauté dans certaines villes espagnoles. L'affaire du parlementaire marocain Yahya Yahya est, elle aussi, une provocation qui touche à l'institution qui représente la nation marocaine. Tout cela, évidemment, accompagné d'une campagne médiatique visant à semer le doute sur le sentiment patriotique d'une région marocaine et son attachement à son pays. Prétendre qu'un peuple préfère être colonisé, c'est dire que la nostalgie est plutôt ressentie du côté du colonisateur. Lamentable.