Le droit de la défense et des accusés n'a pas été respecté par le juge d'instruction et le parquet général près le tribunal antiterroriste de Salé, affirment les avocats des six politiques poursuivis dans l'affaire Belliraj. «Le droit des accusés à un procès équitable est lésé». Le comité d'avocats chargé de la défense des six politiques détenus dans l'affaire du réseau d'Abdelkader Belliraj persistent et signent. «Jusqu'à présent, le juge d'instruction n'a pas remis à la défense une copie du dossier d'accusation, ce qui ne permet pas aux avocats, et moins encore aux accusés, d'avoir connaissance de ce dossier», a affirmé Me Abderrahim Jamaï, dans une déclaration à ALM, à l'issue de l'audition, mardi dernier, du dirigeant du parti de la Oumma (interdit), Mohamed Merouani, et du porte-parole du parti «Al Badil Al Hadari » (Voie civilisationnelle), Mohamed Amine Ragala. Le même jour, les familles des six détenus politiques ont observé un sit-in devant le tribunal antiterroriste de Salé. Contactée par ALM, l'épouse du chef du «parti de la Oumma», Wafaâ Merouani, a alerté sur la situation des six détenus politiques, qui ont tenu mardi une grève de la faim pour protester contre des «dysfonctionnements» relevés dans la procédure d'instruction. «Le refus de remettre à la défense une copie du PV prive nos clients de leur droit de préparer leurs réponses aux questions du juge d'instruction, ainsi qu'à celles du parquet général», explique Me Jamaï. L'avocat ajoute que le même juge d'instruction a refusé d'accéder à d'autres demandes présentées par la défense, entre autres «l'octroi de la liberté provisoire aux détenus», et «la comparution, à titre de témoins, des ministres de l'Intérieur et de la Communication, Chakib Benmoussa et Khalid Naciri». Face à cette situation, Me Jamaï affirme ne pas «rester les bras croisés». «Je vais intervenir auprès du juge d'instruction pour faire valoir les droits de nos clients, lors de l'audition de mardi prochain de Mohamed Moatassim et de Alaâ Badella Maâ-El Aïnine», a assuré Me Jamaï. Entre-temps, la mobilisation bat son plein chez les familles des détenus politiques, soutenus par des acteurs du tissu associatif. «Nous allons lancer dans les prochains jours une campagne nationale pour la libération des nôtres», a annoncé l'épouse de Mohamed Merouani, Wafaâ Merouani. Cette dernière, universitaire de son état, affirme dans le cas de son époux n'avoir «jamais enregistré aucun lien entre son conjoint et le chef du réseau Belliraj», rejetant ce qu'elle a appelé de «fausses accusations» contre son mari. «Je rends visite à mon mari tous les lundis, et à chaque occasion il affirme n'avoir aucun rapport, ni de près ni de loin, avec la cellule de Belliraj», a-t-elle plaidé, en ajoutant que les détenus «dont le moral est très bon sont prêts à défendre jusqu'au bout leurs droits». Pour rappel, les services de sécurité ont annoncé le 18 février 2008 le démantèlement d'un réseau terroriste dirigé par le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj, en affirmant avoir procédé à l'arrestation d'un total de 35 personnes, dont des dirigeants de partis politiques. Il s'agit de Mohamed Moatassim et Mohamed Amine Ragala, Mohamed Merouani, Abdelhafid Sriti (correspondant de la télévision du Hezbollah libanais, «Al Manar»), Alaâ Badella Maâ-El Aïnine et Hamid Najibi, respectivement membres du PJD et du Parti socialiste unifié (PSU).