Dévoiement du fait religieux, démission des partis politiques, prolifération des bidonvilles, échec du système éducatif, dans un discours plein d'enseignements et d'idées-force, S.M le Roi Mohammed VI a pointé les véritables maux qui mitent le pays. Dans son discours du Trône du 30 juillet 2003, S.M le Roi Mohammed VI a remis les pendules à l'heure. Le ton est ferme, les messages clairs. D'entrée de jeu, le Souverain est revenu sur les actes terroristes de Casablanca pour rappeler les éléments constitutifs de la monarchie constitutionnelle marocaine, à savoir l'islam et la démocratie. “Depuis quatorze siècles, les Marocains ont choisi d'adopter l'islam parce que c'est une religion du juste milieu, il repose sur la tolérance, honore la dignité de l'homme, prône la coexistence et récuse l'agression, l'extrémisme et la quête du pouvoir par le biais de la religion“, a expliqué le Souverain. Tout en soulignant l'attachement des Marocains aux règles du rite malékite compte tenu de sa “souplesse“ et de son “ouverture sur la réalité“, le Souverain s'est interrogé à juste titre : est-il besoin pour le peuple marocain (…) d'importer des rites culturels étrangers à ses traditions? “A ceux qui s'aviseraient de se faire les promoteurs d'un rite étranger à Notre peuple, Nous Nous opposerons avec la vigueur que requiert le devoir de veiller à la préservation de l'unicité de rite chez les Marocains, réaffirmant ainsi Notre volonté de défendre notre choix du rite malékite, tout en respectant ceux des autres, chaque peuple ayant ses spécificités et ses choix propres", a indiqué le Souverain. Avec la même fermeté et dans le même ordre d'idées, le Souverain a précisé, à l'intention de ceux qui l'auraient oublié, que le Commandeur des croyants est “l'unique référence religieuse pour la nation marocaine“. Et que de ce fait, a-t-il ajouté le souverain, “aucun parti ou groupe ne peut s'ériger en porte-parole ou en tuteur de l'islam“. À ce sujet, S.M le Roi met les points sur les “I“. “ La fonction religieuse (…) relève de l'Imamat suprême d'Amir Al Mounine, qui Nous est dévolu, assisté du conseil supérieur et des conseils régionaux des Oulémas dont Nous entendons bientôt procéder à la mise à niveau et au renouvellement ainsi qu'à la dynamisation de leur mode de fonctionnement“. Tous ceux qui seraient tentés de s'écarter de cette ligne fondamentale sont ainsi prévenus. Allusion faite aux partis et groupuscules qui, au nom de l'islam (en fait une vision dévoyée de la religion), ont commencé depuis quelque temps à céder aux sirènes du Wahabisme poussant l'outrecuidance jusqu'à interpréter à leur guise la notion de Imarat Al Mounine. Si le discours Royal s'est attaché à recadrer le domaine religieux à la lumière des attentas-suicide de Casablanca, il a également pointé les insuffisances et les dysfonctionnements. D'abord, la démission des partis politiques. L'interrogation pertinente du souverain à cet égard a l'allure d'un cri de cœur devant un constat désolant : “ Mais quelle peut-être la force des partis s'ils n'assument pas leur rôle d'encadrement et de représentation des citoyens et de la jeunesse en particulier et s'ils ne contribuent pas au renforcement de l'autorité de l'Etat et à l'instauration d'un climat de confiance à l'égard des institutions? Le souverain a exprimé la nécessité de l'adoption “d'une loi sur les partis“ avec comme objectif de renforcer le rôle des partis. Ensuite, la lutte contre l'habitat insalubre. Le souverain a exprimé dans son discours son “amertume“ d'assister “ au lieu d'une éradication progressive des bidonvilles“ à la prolifération du phénomène et même à son amplification. Un constat fait par le souverain à l'occasion de ses déplacements dans les régions. S.M le Roi a fait assumer la responsabilité du développement de l'habitat anarchique à “tout le monde“, depuis “le citoyen qui soudoie un responsable jusqu'aux différentes autorités et collectivités locales“ (…). La crise de l'enseignement enfin. Là aussi, le souverain a eu un cri de cœur qui en dit long sur l'étendue du problème : “assez d'un système d'enseignement générateur de chômage et d'ostracisme. À cet effet, S.M le Roi a appelé à “une réforme qualitative du système d'enseignement“, notamment en matière des programmes et des cursus. Dérives du secteur religieux, démission des partis politiques, prolifération des bidonvilles, échec du système éducatif, dans un discours plein d'enseignements et d'idées-force, S.M le Roi Mohammed VI a mis le doigt sur les véritables maux qui minent le Maroc. Le détonateur des événements dramatiques du 16 mai se trouve dans ces dysfonctionnements.