Les discours du Souverain sonnent de plus en plus comme des alertes sérieuses et graves invitant à un sursaut national qui, seul, pourra nous permettre de relever les nombreux défis qui nous assaillent. Le discours Royal du 20 août 2003 ne contient aucune concession. Les valeurs fondamentales de notre pays et les choix de modernité et de démocratie du Souverain sont encore une fois martelés avec une conviction qui force l'admiration. Avec autant de force que lors du discours du Trône, les thèmes abordés sont développés avec une exigence et une rigueur intellectuelles qui ne laissent désormais aucune place à l'improvisation ou à la fuite en avant. Quel Maroc voulons-nous ? Cette question que posent les observateurs avec récurrence a trouvé sa réponse, une réponse claire et définitive, dans les deux derniers discours Royaux. Celui du 20 août vient en renforcement – comme une espèce de piqûre de rappel – à celui de la fête du Trône. Les choix stratégiques qui sont développés ne peuvent plus être mis sur le compte de l'émotion violente ou de la colère qu'ont suscitée les crimes odieux qui ont frappé Casablanca. L'on voit bien que nous sommes désormais devant une vision globale de l'avenir de notre pays. Cette mutation dans le discours et dans les problématiques abordées, nous la ressentons à présent directement dans l'expression même du Souverain. Il est vrai que le chef de l'État nous invite de plus en plus à participer avec détermination à la transformation de notre pays en stigmatisant les dérives obscurantistes criminelles ou les postures attentistes, tout aussi criminelles, qui minent la confiance des citoyens et obèrent l'avenir de notre nation. Les discours sonnent de plus en plus comme des alertes sérieuses et graves invitant à un sursaut national qui, seul, pourra nous permettre de relever les nombreux défis qui nous assaillent. La forme de lassitude que l'on peut parfois ressentir dans l'expression du chef de l'État provient probablement du fait qu'il est amené, lors de chacune de ses allocutions, à répéter, à développer, à mettre en perspective et à expliciter les mêmes idées, celles qui fondent son projet moderniste sociétal pour qu'elles s'enracinent dans l'esprit et libèrent les énergies. S.M le Roi Mohammed VI, en guetteur de ce Maroc nouveau que nous appelons de nos vœux, doit pouvoir trouver, mieux que cela ne se fait actuellement, les relais nécessaires à la réalisation de l'ambition qu'il porte pour le pays. Des relais timorés, enkystés ou tout simplement rétifs au changement ne peuvent nous être utiles dans la conjoncture que vit notre pays. Il va falloir que les décisions clairvoyantes, justes et hardies du Souverain soient prises en charge d'une manière plus franche et plus loyale sur le terrain. Malheureusement, nous constatons de plus en plus la vitalité de certaines poches de résistance – les vraies celles-là – qui transforment toutes les bonnes idées en rentes de situation, toutes les ambitions en petits calculs et toutes les générosités en dérives bureaucratiques. La gestion d'un pays ne peut s'accommoder de la gestion de carrières. C'est cela aujourd'hui qui limite notre pouvoir collectif de transformer la vie et d'ancrer notre pays dans la modernité. Le seul discours crédible de rupture avec le passé susceptible de nous projeter vers l'avenir est, aujourd'hui, celui de S.M Le Roi Mohammed VI. Le reste ne suit, malheureusement, pas encore. Quand l'Administration est à la traîne du chef de l'État, il y a, bien évidemment, un problème. Quand une société ne croit pas en la capacité de son élite politique à la représenter, il y a, bien entendu, là aussi, un gros problème. Et quand, malgré l'engagement solennel du Souverain, la démocratie est dévoyée par ceux-là mêmes qui ont la charge constitutionnelle de la faire vivre, cela devient tout simplement tragique. Mais malgré tous ces écueils, le Maroc poursuivra sa voie. Il continuera à réaliser son projet, celui que S.M Le Roi Mohammed VI incarne aujourd'hui avec beaucoup de courage, de générosité et d'abnégation.