Dix-neuf morts et une cinquantaine de blessés : c'est le constat final de l'attaque israélienne massive sur la ville de Gaza mardi 15 janvier. Toutes les voix des factions palestiniennes se sont jointes pour dénoncer ce «massacre» qui donne un sérieux coup aux négociations de paix. Mahmoud Abbas et son équipe, ont exprimé leur colère face au «massacre» perpétré dans la Bande de Gaza par l'armée israélienne mardi. Le bilan de l'invasion militaire effectuée par les tanks et hélicoptères israéliens sur Sejaiyeh et Zaitoun, dans la banlieue de la ville de Gaza, est lourd : 19 morts, dont cinq civils et une cinquantaine de blessés. Depuis le 1er janvier 2008, 55 Palestiniens ont été tués dans la Bande de Gaza, suite à des incursions militaires israéliennes. L'Autorité palestinienne a menacé de stopper les négociations de paix. Ahmad Qorei, chef palestinien des négociateurs, a déclaré que «ce massacre place des obstacles et crée des difficultés pour les négociateurs». Cependant, Riyad Al Maliki, ministre palestinien des Affaires étrangères et de l'Information, a affirmé que les «négociations ne sont pas connectées à ce qui se passe tous les jours». Lors de sa conférence de presse, mardi, le ministre a tout de même accusé les Israéliens de criminels. «C'est contre les droits de l'Homme et nous travaillons pour stopper ces attaques. Nous ne voulons pas rester là, à regarder», s'exclame-t-il. «Nous avons contacté le Quartet pour faire pression sur les Israéliens et nous demandons l'intervention d'une force internationale pour protéger le peuple palestinien», annonce Riyad Al Maliki. Cette demande avait déjà été formulée maintes fois par le gouvernement de Ramallah, cependant, le Fatah est le seul groupe à accepter cette solution : tous les autres considèrent qu'une force internationale serait une seconde occupation. Lors de l'attaque israélienne de mardi, Hussam Zahar, 24 ans, fils de Mahmoud Zahar, leader incontesté du Hamas, a été tué. Dans la Bande de Gaza, le groupe islamique a décrété un deuil national de trois jours. Le gouvernement d'Abbas a adressé ses condoléances à la famille Zahar et a appelé la population de Cisjordanie à ne pas ouvrir les commerces ce mercredi, en signe de deuil. Mais Mahmoud Zahar a attaqué de front la politique de Mahmoud Abbas : «C'est la volonté d'Abou Mazen et de ses collègues, les collaborateurs avec Israël et les espions de l'Amérique», affirme-t-il avant d'ajouter que cette attaque est «l'un des résultats de la visite de Bush qui encourage les Israéliens à tuer notre peuple». Ismaël Haniyeh, Premier ministre de facto du gouvernement Hamas à Gaza, a dénoncé l'attaque israélienne et a fait un don de sang pour les blessés. Du côté israélien, on s'inquiète. Le Hamas, qui depuis sa prise de pouvoir, ne s'était pas impliqué directement dans l'envoi de roquettes vers Israël pourrait changer ses positions. Suite à cette invasion, le nombre de roquettes envoyées de la Bande de Gaza sur le territoire israélien s'est décuplé. En réponse aux attaques israéliennes, une quarantaine de Qassams a touché le désert du Néguev et la ville de Sderot mardi, faisant plusieurs blessés. Les Brigades Ezzedine al Qassam, affiliées au Hamas, ont clamé leur responsabilité de l'assassinat, par un snipper, d'un Israélien dans le kibboutz de Ain Hashlosha, non loin de la frontière sud de la Bande de Gaza. Elles déclarent, de plus, avoir tiré plus de 45 roquettes ce mardi et l'envoi de 60 Qassams ce mercredi, 75 mortiers et trois missiles RPG. Ce chiffre s'ajoute aux 2 projectiles envoyés ce mercredi, par les brigades des martyres d'al Aqsa, affiliés au Fatah, ainsi qu'aux sept des Brigades al Quds du Jihad Islamique. La menace d'une invasion israélienne de grande envergure plane. Des sources au sein des établissements de défense israéliens ont déclaré que «le temps n'est pas encore arrivé pour conduire une opération de grande envergure sur le terrain, mais cela pourrait être le cas si l'augmentation des tirs de roquettes continue». Selon le quotidien israélien, Haaretz, cette escalade de violence pourrait mettre gravement en péril les négociations de paix, déjà impopulaire auprès des Palestiniens.