Les présidents des arrondissements de Rabat accusent le maire Omar Bahraoui de les avoir privés des dotations financières qui leur sont dues au titre de l'année 2008, en annonçant leur intention de saisir les autorités de tutelle pour obtenir gain de cause. Le maire de Rabat Omar Bahraoui se trouve au cœur d'une nouvelle affaire. Les présidents des quatre arrondissements que compte la capitale l'accusent d'avoir privé leurs départements des dotations financières que le Conseil de la ville doit leur octroyer au titre de l'année 2008. Le Compte de dépenses sur dotations, CDD, - une sorte de «budget» versé sur le compte des arrondissements -, n'a pas été voté cette fois-ci par le Conseil de la ville, contrairement aux dispositions de la Charte communale. Contacté par ALM, le président de l'arrondissement Yacoub El Mansour, Lahcen Karoumi, en veut pour preuve et exemple l'article 115, qui fixe clairement la procédure appliquée pour l'octroi des dotations aux arrondissements. Or, dénonce M. Karoumi, «c'est toute cette procédure légale qui se trouve violée». Plus explicite, Fawzi Chaâbi, président de la commune Souissi, explique, dans une déclaration à ALM, que la règle veut que le Conseil de la ville se réunisse avant le mois de septembre pour déterminer le montant de la dotation à octroyer au Conseil des arrondissements. Or, s'alarme M. Chaâbi, «on est au mois d'octobre, et le maire Bahraoui n'a pas envoyé ni voté la dotation à octroyer aux arrondissements». Les présidents des arrondissements affirment n'avoir jamais été saisis au sujet de la dotation, ce qui constituerait une «infraction à la loi». Que va alors faire le président du Conseil de la ville ? Contacté hier par ALM, le maire Bahraoui était resté injoignable. Mais des sources proches de la mairie invoquent la disposition 118 de la Charte communale. «Le maire de Rabat peut prendre place dans l'éclatement en rubriques de proximité et voter si les arrondissements refusent de voter le Compte de dépenses sur dotations», affirment-elles. Mais voilà, riposte Lahcen Karoumi, «les arrondissements n'ont rien refusé du moment qu'ils n'ont rien reçu. De toutes les façons, c'est trop tard», martèle M. Chaâbi, qui a annoncé la volonté des présidents des quatre arrondissements de s'en remettre à «l'arbitrage Royal», ajoutant que c'est le seul recours qui leur reste «sinon les arrondissements se trouveront sans aucun sou durant l'année 2008. Tout sera bloqué par la faute du Conseil de la ville», fulmine M. Chaâbi, qui dénonce une «campagne électorale prématurée» contre les présidents des arrondissements pour la simple raison qu'ils voudraient se présenter aux élections municipales de 2009. «M. Bahraoui veut priver de budget ses prochains rivaux à la présidence du Conseil, alors qu'il s'est tout permis pour financer une campagne électorale prématurée», critique le président PPS de la commune Souissi, rappelant une récente distribution de cartables par le maire de Rabat au profit d'élèves déshérités. «Si les choses continuent de cette manière et que rien n'est fait pour stopper cette mainmise sur la ville de Rabat, il ne faut pas s'étonner qu'on ait en 2009 un taux d'abstention encore plus important qu'en 2007», prévient M. Chaâbi. Même tonalité relevée chez les autres présidents des arrondissements de Rabat, le RNI Saâd Ben M'Barek (Hassan), le PI Abdelilah Al Bouzidi (Agdal Ryad), Lahcen Karoumi (Yacoub El Mansour), un SAP (sans appartenance politique), lesquels crient à une «manipulation électoraliste avant terme».