L'affaire Omar Bahraoui revient sur scène. L'Instance nationale pour la protection des biens publics a de nouveau saisi le parquet sur le cas du maire de Rabat, poursuivi pour «campagne électorale prématurée». Un goût de victoire doux-amer pour le vainqueur de la circonscription Rabat-Chellah, Omar Bahraoui. Le tribunal de première instance de Rabat annoncera lundi prochain la date de la reprise du procès du maire MP, a indiqué à ALM le président de l'Instance nationale pour la protection des biens publics au Maroc. Mohamed Tarek Sbaï, également responsable de l'Observatoire national pour l'observation des élections, a affirmé avoir saisi le président du tribunal de première instance de Rabat, qui l'aurait assuré que le procès reporté à une date indéterminée, jeudi 16 août dernier, en vertu de l'article 299 du Code pénal, reprendra incessamment. Le report du procès a été décidé par la chambre correctionnelle du tribunal, suite à une requête de la défense qui a demandé à la Cour un délais supplémentaire pour préparer ses plaidoiries. M. Bahraoui, et trois autres membres de la mairie de Rabat, sont poursuivis par le parquet, chacun en ce qui le concerne, pour "campagne électorale prématurée", "utilisation de moyens appartenant à la mairie pour influencer les électeurs", "promesses électorales", "non respect de la réglementation électorale" et "participation" à ces délits. Deux autocars de la mairie ont été utilisés pour le transport des "invités" à la résidence de M. Bahraoui, ajouter à cela la mobilisation d'un certain nombre de responsables et du personnel de la mairie, dont deux traiteurs communaux, pour l'organisation de la cérémonie. Les détracteurs de M. Bahraoui, dont des candidats concurrents à la même circonscription de Rabat-Chellah, étaient montés au créneau pour lui reprocher d'avoir eu recours à des moyens de l'Etat pour organiser une soirée destinée à "influencer" les électeurs avant même le lancement de la campagne électorale qui était prévue fin août. Pour rappel, le député USFP Driss Lachgar avait saisi le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa sur plusieurs cas de "violations" qui auraient été perpétrées par le président du conseil de la ville de Rabat, dont l'organisation d'un meeting illégal au profit de centaines d'élèves accompagnés de leurs parents, la construction de l'étage supérieur d'une mosquée au douar El Hajja ... M. Bahraoui n'en sera pas toutefois pas à bout de ses peines. En mai 2007, la Cour des comptes a élaboré un rapport d'enquête qualifié d'"accablant" pour la gestion du maire. Un rapport d'une dizaine de pages a été soumis au ministère de l'Intérieur, où il est reproché à M. Bahraoui une gestion marquée par"le manque de transparence" de plusieurs dossiers de la capitale. Le rapport cite, entre autres griefs, "les privilèges indus" dont le maire aurait fait bénéficier sa garde rapprochée composée d'un groupe de conseillers de la ville, les dotations en carburant octroyées gracieusement à des proches ... Face à ces "dépassements", l'Instance nationale pour la protection des biens publics au Maroc ne compte pas rester les bras croisés. En se constituant partie civile dans le procès, elle entend mener une bataille rude pour obtenir gain de cause contre le maire de Rabat. Elle affirme détenir des preuves de cas de violations perpétrées par M. Bahraoui, dont la présentation de cadeaux aux électeurs, des promesses d'emploi, sans oublier l'abus de pouvoir et l'utilisation des moyens appartenant à l'Etat pour l'organisation d'une campagne électorale prématurée.