Après avoir été interrogé vendredi dernier, le maire de Rabat, Omar El Bahraoui, devra comparaître une nouvelle fois aujourd'hui devant le parquet de la capitale. Il est soupçonné de violation de la loi électorale. Le maire de Rabat a-t-il entamé une campagne électorale prématurée ? A-t-il usé et abusé de sa qualité de président du conseil de cette ville pour essayer de peser lors des législatives 2007 qui s'annoncent ? C'est l'objet de l'interrogatoire auquel a été soumis Omar El Bahraoui vendredi dernier, au lendemain de la perquisition de son domicile situé au quartier Souissi, à Rabat, suite à une plainte lui reprochant de mener une campagne électorale prématurée et d'utiliser, à cette fin, des moyens humains et personnels appartenant à l'Etat. Il s'agit, entre autres, de deux auto-cars destinés au transport du personnel de la mairie, ajouter à cela les services d'agents au service du conseil de la ville, dont un traiteur communal. Le candidat MP à Rabat-Chellah, qui se présentera aujourd'hui devant le procureur général près la Cour d'appel de Rabat, devra être confronté une nouvelle fois à ces charges. Dans un communiqué du parquet général de Rabat, le procureur général précise avoir procédé à l'audition du responsable communal, suite à une plainte déposée contre ce dernier sur une éventuelle campagne électorale prématurée et sur le fait d'user de sa qualité de responsable communal au cours de cette opération. En réponse à cette accusation, le maire MP a indiqué qu'il n'a pas encore présenté sa candidature aux prochaines législatives. Mais cette allégation a été vite infirmée par un certain nombre de personnes qui se trouvaient jeudi soir à son domicile. Lors de leur audition par le parquet de Rabat, les «hôtes» de M. Bahraoui ont reconnu que ce dernier leur avait fait des promesses sur «des travaux d'entretien de quelques infrastructures et bâtiment relevant de l'arrondissement urbain où il compte se présenter en tant que candidat», en l'occurrence la circonscription électorale Rabat-Chellah. Des sources MP avaient par ailleurs déjà annoncé la candidature de M. Bahraoui à Rabat-Chellah, considérée parmi «les circonscriptions de la mort» eu égard au calibre des candidats qui s'y présentent. En effet, le maire sortant de Rabat se trouvera en face des candidats USFP Driss Lechgar et PPS Fawzi Chaâbi, dans une bataille qui promet bien des «empoignades». Le candidat Lechgar avait saisi en juin dernier le ministre de l'Intérieur sur des «agissements illégaux» attribués à M. El Bahraoui, soupçonné de mener une campagne électorale avant terme. La goutte qui a fait déborder le vase est l'organisation par le maire MP de Rabat d'une soirée au profit de centaines d'élèves accompagnés de leurs parents. Pour les détracteurs, il s'agissait d'un meeting « illégal ». De la même manière qu'ils ont jugé « illégaux » les travaux de construction de l'étage supérieure d'une mosquée à Douar El Hajja, à Rabat. En réponse à ces plaintes, le ministre Benmoussa avait mis en garde contre toute violation de la loi électorale, précisant que toutes les mesures ont été prises pour réprimer toutes sortes de fraude électorale. Le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, avait pour sa part réuni en juillet dernier les procureurs du Roi et les procureurs généraux pour les appeler à assumer leur rôle de représentants de la société dans la répression de toute fraude susceptible d'entacher les prochaines échéances. En tout cas, la décision de la justice d'agir contre le maire de la capitale est un nouveau signal fort sur l'intention de l'Etat de sévir contre toute violation de la loi électorale quelque soit son auteur. «Le discours royal est très clair sur la question et la démission de M. El Himma avant de se présenter aux élections est un autre signal que certains candidats n'ont pas encore saisi», explique une source informée.