L'Union générale des travailleurs, l'un des plus importants syndicats d'Espagne, a demandé la suspension immédiate de l'application de l'accord maroco-espagnol sur le rapatriement des mineurs marocains non-accompagnés, qui viole les droits fondamentaux des enfants. L'accord de rapatriement des mineurs marocains non-accompagnés interceptés en situation irrégulière en Espagne, signé, il y a quelques semaines entre les gouvernements des deux pays, continue de susciter le débat dans les milieux politiques et syndicaux espagnols. Après les associations de défense des droits de l'Homme et les partis de l'opposition, qui se sont opposés à l'application de cet accord, l'Union Générale des travailleurs (UGT), l'un des plus grands syndicats espagnols, vient de rallier la liste des contestataires dudit accord. Dans un communiqué de presse, rendu public hier, le secrétariat d'action sociale de cette centrale syndicale auprès de la section des Iles Canaries a exigé la suspension immédiate de l'application de l'accord de rapatriement des immigrés mineurs non accompagnés. L'UGT justifie cette prise de position par le fait que l'application dudit accord est en train de créer des situations d'atteinte aux droits des mineurs. L'organisation syndicale a aussi alerté sur les fuites massives enregistrées dans les centres d'accueil des mineurs situés aux Iles Canaries depuis l'annonce de la signature du mémorandum de rapatriement. L'organisation syndicale espagnole a par ailleurs accusé les ministères espagnols de l'Intérieur et de la Justice d'être responsables d'une campagne de désinformation qui a lieu actuellement et qui crée une situation d'instabilité et de panique chez les mineurs marocains internés dans les centres d'accueil canariens d'où la multiplication des cas de fuite. Le communiqué de l'UGT considère que lesdits mineurs "se trouvent à la merci d'un accord qui n'est pas clair en ce qui concerne les modalités de son application et les mineurs qui sont concernés". Le syndicat espagnol estime qu'il est primordial de garantir les droits des mineurs. "La disparition de quelques dizaines de ces mineurs des centres où ils étaient internés confirme la précipitation dans l'application de cet accord ce qui a eu, aux Iles Canaries des conséquences graves dont la fuite de plusieurs enfants", affirme le communiqué de la centrale syndicale. Enfin, l'UGT appelle à "la suspension immédiate de l'accord jusqu'à ce que les droits des mineurs soient garantis" et qu'une enquête soit ouverte pour la détermination des "responsabilités de ceux qui ont été derrière l'application précipitée de cet accord qui viole clairement les droits fondamentaux des mineurs". Rappelons que plus de 4500 mineurs marocains seront rapatriés vers le Maroc conformément à cet accord signé, mardi 23 décembre à Madrid, entre les gouvernements marocain et espagnol. Il est à signaler aussi que ledit mémorandum d'entente prévoit que l'application se fera dans "le respect des droits de l'enfant et la prise des mesures permettant l'épanouissement du mineur dans un environnement familial et social sain, dans le cadre de la responsabilité partagée entre les deux pays". Une condition qui n'est pas appliquée à la lettre, selon les affirmations des associations de défense des droits de l'enfant et de plusieurs organismes politiques et syndicaux espagnols.