Khouribga. Pour avoir kidnappé son épouse et abusé d'elle sous la menace d'un couteau, un père de trois enfants a écopé de 2 ans de prison ferme. «Elle s'est habituée à la vie facile et aisée ainsi qu'à l'argent de la drogue. Mais je ne supporte plus, M. le président, le fait d'être emprisonné», balbutie Jamal devant la Cour à la chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Khouribga. Bien habillé, bien rasé et calme, ce jour du mois de mai, il clame son innocence. Il est accusé d'avoir kidnappé sa femme et de l'avoir séquestrée dans une maison du quartier Al Houboub, à Khouribga. Jamal est également accusé de maltraitance et d'abus sexuel. Après douze ans d'amour et de vie conjugale, le couple bat de l'aile. Malgré l'existence de trois enfants, la vie à deux n'est plus possible. Il semble que la femme de Jamal ne supporte plus de vivre avec lui sous le même toit au point qu'elle a tourné le dos au foyer conjugal pour se rendre chez ses parents. Elle s'est même adressée à la justice pour demander le divorce pour raison de discorde (Chiqaq). «Il m'a demandé de renoncer à ma demande de divorce que j'ai déposée auprès de la justice. J'ai refusé parce que je ne peux plus vivre avec lui, M. le président», a-t-elle affirmé. Jamal a frappé à toutes les portes pour qu'elle retourne à son foyer conjugal, afin qu'ils veillent ensemble sur l'avenir de leur trois enfants. «Mais, il n'a jamais veillé sur les enfants, il était toujours en prison», a-t-elle précisé devant la Cour. Certes, Jamal a purgé plusieurs peines d'emprisonnement. Il est trafiquant de drogue. «Regardez M. le président ces photos qui attestent qu'elle vivait dans l'aisance absolue quand j'étais trafiquant de drogue», a déclaré Jamal en montrant des photos de sa femme. «Quand j'ai été relâché, la dernière fois, de la prison, j'ai décidé d'abandonner le monde de la drogue», a-t-il précisé devant la cour. Il a opté pour le commerce légal pour gagner sa vie. Certes, cette activité ne lui rapportait pas comme le trafic de drogue. Ainsi, il n'a pas pu payer le loyer ni subvenir aux besoins de sa petite famille. En conséquence, il a conduit sa petite famille vers le domicile de ses parents. «C'est la raison pour laquelle, elle a changé et elle ne veut plus de moi et elle a demandé le divorce…», a-t-il expliqué à la cour. Est-ce la raison qui l'a poussé à commettre un acte qui le ménerait une fois de plus en prison? «Il ne s'agit que d'un coup monté pour me jeter en prison et obtenir ainsi le divorce ». De son côté, sa femme précise qu'elle ne peut jeter gratuitement en prison le père de ses trois enfants. Alors qu'est-ce qui s'est passé pour qu'elle dépose une plainte contre lui ? Il guettait sa sortie de chez ses parents. Il s'approche d'elle et lui demande de rentrer au foyer pour reprendre leur vie conjugale. Elle a refusé catégoriquement. Un refus qui l'a poussé à sortir de ses gongs. Il n'est plus le Jamal qu'elle connaissait. Il a brandi un couteau, l'a saisie violemment et l'a conduite vers la maison du Hay Houboub. Effrayée, elle n'a pas pu demander du secours. Elle l'a supplié. Mais en vain. À l'intérieur de la maison, il l'a maltraitée sans pitié, l'a obligée de se dévêtir et a abusé d'elle. Il l'a même sodomisée sous la menace du couteau. Profitant d'un moment d'inadvertance de son mari, elle réussit à s'enfuir, ensanglantée et toute nue. Le certificat médical et ses photos, dans un état lamentable, le prouvent. A l'issue de l'audience, la Cour a rendu son verdict en condamnant Jamal à deux ans de prison ferme. En entendant ce jugement, l'épouse qui était soutenue par l'Association marocaine des droits de l'Homme, section de Khouribga, a poussé un ouf de soulagement. Ni elle ni Jamal n'ont pensé à leurs trois enfants !