La galaxie Sarkozyste dégage, en effet, une attractivité telle que dans son sillage on trouve des noms jusque là habitués à ratiociner dans les salons de gauche. Saint-Germain-des-Près est déboussolé. Le quartier Latin ne reconnaît plus ses enfants. C'est que des morceaux entiers de l'intelligentsia française ne savent plus où donner de la tête. A l'approche des présidentielles, on assiste à l'émergence d'un mouvement de «néocon» qui se recompose autour de Sarkozy. La galaxie Sarkozyste dégage, en effet, une attractivité telle que dans son sillage on trouve des noms jusque là habitués à ratiociner dans les salons de gauche. Entre anciens maoïstes et autres gauchistes, on dénombre Pierre-André Taguieff, le spécialiste de la nouvelle judéophobie. Pascal Bruckner, l'explorateur du sanglot de l'homme blanc. André Glucksmann, l'eternel ancien nouveau philosophe. L'indécis et tourmenté Alain Finkielkraut. Et surtout Max Gallo, historien et écrivain prolifique, s'affichant comme le plus entreprenant. Pendant ce temps là, Alain Soral, marxiste lunatique, est allé rejoindre Le Pen. Et Michel Onfray carbure pour Bové. Si on a généralement affaire à des intellectuels purs, Max Gallo demeure celui qui a le cheminement le plus singulier. Fils d'immigré italien, il incarne à sa manière les performances dont a été capable le moule d'intégration à la française et dont le dysfonctionnement nourrit le désarroi identitaire qui taraude la société française. Qu'on en juge. Après un CAP de mécanicien ajusteur, il va, tout en travaillant, étudier jusqu'à obtenir l'agrég. et une thèse de doctorat en histoire avant de finir comme professeur à l'Institut des Etudes Politiques. Sur le plan militant, il fut un ancien membre du parti communiste avant de rejoindre le Parti Socialiste en 1981. Il devient, en 1983, porte-parole du gouvernement Mauroy avec pour directeur de cabinet un certain François Hollande. Il quittera le PS en 1992 pour fonder avec Jean-Pierre Chevènement le Mouvement du Citoyen. Aujourd'hui, Max Gallo, avec d'autres, joue un rôle important dans l'évolution de la pensée de Sarkozy que ce dernier, sans complexe, invoque, dans ses discours, Jaurès, Blum et Mitterrand. Fier d'être français, dernier petit livre de Gallo est un «pamphlet» dans lequel sont exprimés tous les tourments qui sont à l'œuvre dans la recomposition du paysage intellectuel français. Il s'y insurge contre les «pédagogues du renoncement» et y développe de l'artillerie lourde contre tous ceux qui demandent à la France de se repentir. Dans un discours enfiévré et déchaîné, écrit comme un râle incompressible, il proclame la réhabilitation de la Nation et de la Patrie. Et s'il fait le constat de la virtualité grandissante du triptyque Liberté, Egalité, Fraternité dans une société qui s'enfonce dans l'émiettement, il refuse cependant «la logique folle-aux origines de toutes les entreprises totalitaires- qui consiste, à partir du constat d'impuissance…des grands principes, à vouloir les abolir, parce qu'ils seraient seulement «formel», et à les remplacer par la dictature des minorités qui veulent imposer leurs choix». Le choix de Gallo n'est pas le mien. Mais son livret vaut le détour. Surtout pour nos «pédagogues du renoncement» à nous, ici au Maroc.