Cinq jeunes globe-trotteurs marocains exposent actuellement à Casablanca de belles photos de leurs pérégrinations. Une invitation à redécouvrir le monde. Souvent, c'est la vision que les autres ont du Maroc qui nous est montrée. Cette fois-ci, c'est le monde vu par des Marocains qui nous est donné à voir à travers l'exposition qui se tient aujourd'hui à l'Eglise Sacré-cœur de Casablanca. Cinq jeunes globe-trotteurs nous proposent le fruit de leurs pérégrinations à travers cinq pays. Leïla Ghandi, qui se trouve actuellement au Nepal, propose un regard mystique sur la Chine. Aïcha Ettaleb, juriste de formation, nous fait découvrir son Bruxelles paisible. Zhor Mekouar, une passionnée de l'univers maritime, nous invite à un voyage au port de la Bretagne. Mohamed Fariji, sédentaire depuis un an dans une galerie à Barcelone, nous offre un regard curieux sur un Derb Ghallef espagnol. Fouad Mezzouz, un amoureux de l'Allemagne, nous offre sa vision de Berlin. Cinq regards passionnés et passionnants sur cinq pays différents: l'Espagne, la Belgique, l'Allemagne, la France et la Chine. A l'affiche : des portraits de gens peut-être pas connus mais que l'on croit avoir croisé quelque part, des paysages urbains, des scènes de la vie quotidienne, sans oublier le bel azur de la Méditerranée. A travers ces photographies, on découvre un monde différent mais avec lequel on a beaucoup de choses en partage, et notamment notre humanité. Interrogée sur son voyage en Bretagne, Zhor Mekouar nous a dit avoir été là-bas pour «chercher des jumelages de lumières avec Essaouira». Son déplacement en Bretagne remonte à 2005, après un petit détour par Paris où elle a présenté une exposition haute en couleurs locales et intitulée « Voyage au pays de la couleur et de la lumière». C'est ce même désir de partage qui a guidé les quatre autres «pèlerins» marocains dans leurs vadrouilles à travers les différents pays d'Europe et d'Asie. Il s'agit d'une quête de soi dans l'écheveau complexe des différentes identités. Mohamed Fariji semble vouloir dire, à travers sa plongée dans les souks catalans, que le Derb Ghallef de Casablanca n'est pas complètement typique du Maroc et que l'on peut trouver son pareil de l'autre côté de la Méditerranée. Au-delà du sens qui peut se dégager à travers cette palette de sensations multicolores, il faut souligner l'exemplarité, voire la singularité, de la démarche qui a été derrière cette exposition. Il va sans dire que l'expérience des carnets de voyages est restée inédite au Maroc. L'exposition vient ainsi combler une grande faille dans le fonctionnement de la vie culturelle dans notre pays. Elle se distingue, faut-il le souligner encore une fois, par le fait d'avoir inversé une vieille formule. Si en général c'était les étrangers qui parlent du Maroc, ce sont désormais des Marocains qui parlent du monde. Les cinq globe-trotteurs qui exposent aujourd'hui leurs œuvres ouvrent une lucarne sur l'univers, avec pour objet de nous restituer les reliefs de cet univers pascalien, de nous le livrer autrement que sur les cartes postales ou sur les écrans de télévision. Cette exposition a pour second objet d'ouvrir la voie à un prochain “Mois de la photo“ à Casablanca avec la proposition d'autres regards sur les Pays-Bas, l'Afrique du Sud, le Japon… Une nouvelle cuvée de carnets de voyages photographiques comme on aimerait tant les voir se multiplier de ce côté-ci de la planète artistique.