Après l'aval donné par le cabinet libanais pour la création du «tribunal Hariri», Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a enfoncé le clou assurant qui va poursuivre ses efforts pour renverser le gouvernement. En dépit des protestations formulées par le Hezbollah et ses alliés d'Amal qui crient à la violation de la Constitution, la coalition anti-syrienne a officiellement approuvé la création d'un tribunal international chargé de juger les assassins de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. La majorité parlementaire, dirigée par Saâd Hariri, est persuadée d'une implication directe de Damas dans l'attentat du 14 février 2005. La démission des ministres chiites du gouvernement paraît comme une manœuvre visant à mettre des bâtons dans les roues du cabinet du Premier ministre anti-syrien, Fouad Siniora et par la même occasion bloquer la création du «tribunal Hariri». C'est pour cette raison que le Conseil des ministres, convoqué lundi 13 novembre par Fouad Siniora, n'a pas hésité à dire "oui" au projet de résolution proposé par l'ONU malgré l'absence des six ministres démissionnaires. La manœuvre a été donc avorté, mais la crise s'accentue et prend de plus en plus d'ampleur. Mardi, Hassan Nasrallah a enfoncé le clou. Le chef du Hezbollah s'est engagé à poursuivre ses efforts pour renverser le gouvernement libanais, estimant que le cabinet du Premier ministre, Fouad Siniora, avait perdu toute crédibilité après la démission de six ministres. Selon la presse libanaise, le cheikh Nasrallah, qui a de nouveau menacé d'organiser des manifestations massives si les exigences du «parti de Dieu» pour la formation d'un gouvernement d'union nationale ne sont pas respectées, a également exclu toute nouvelle guerre civile. Alors que Fouad Siniora avait défendu la légitimité de son gouvernement et appelé à l'union, Hassan Nasrallah, lui, a observé qu'après la démission de ses deux ministres (les trois autres appartiennent au parti Amal), le Hezbollah n'a plus aucun lien avec le gouvernement. «Ce gouvernement va partir, et nous n'avons aucun lien avec lui après ces démissions. Un nouveau gouvernement va être mis en place», a-t-il déclaré, selon le quotidien "As-Safir", proche du Hezbollah. Il a ajouté que «le gouvernement actuel avait zéro crédibilité». Hassan Nasrallah a estimé que le gouvernement Siniora a été incapable de reconstruire le pays après les bombardements israéliens. «Il y aura un gouvernement propre qui reconstruira le pays. Nous n'abandonnerons pas le peuple. Comme nous l'avons dit au premier jour de la victoire, nous sommes déterminés à reconstruire vos maisons et vos institutions avec de l'argent propre», a-t-il ajouté. En pleine lutte d'influence entre la majorité anti-syrienne et les forces pro-syriennes qui entendent élargir leur pouvoir en réclamant la formation d'un gouvernement d'union nationale, le projet de l'ONU a focalisé ces derniers jours les tensions entre les deux blocs. Le Hezbollah, exige, pour lui et ses alliés chrétiens et pro-syriens, une influence accrue au sein du gouvernement via une «minorité de blocage». Syrie, Iran, Hezbollah : liaisons dangereuses ? La mort de Rafic Hariri avait précipité le retrait des forces syriennes, qui occupaient le Liban depuis 1976, et entraîné les élections de mai-juin 2005 qui ont donné le pouvoir au bloc anti-syrien. La Syrie a récemment nié toute volonté de «déstabiliser le Liban», en réponse à des accusations américaines faisant état de projets de renversement du gouvernement libanais par Damas, Téhéran et le Hezbollah. L'Iran a rejeté lundi les accusations de Saâd Hariri, affirmant que Téhéran «n'a pas interféré et n'interférera pas dans les problèmes d'autres pays».