Les Brésiliens ont une nouvelle fois porté "Lula" da Silva à la magistrature suprême. Il a été réélu avec 60,8% des voix au second tour de la présidentielle. Luis Inacio "Lula" da Silva a le triomphe modeste. C'est en tee-shirt, loin des fastes de sa fonction, qu'il a célébré sa victoire. «Le peuple a senti que la situation s'était améliorée. Et contre ça, il n'y a pas d'adversaire. Il l'a vu sur sa table, dans son assiette et dans sa poche», a déclaré l'ancien syndicaliste, qualifiant sa réélection «de victoire des gens d'en bas sur ceux d'en haut». Et pour une victoire, c'en est une belle ! Recueillant 60,8 % des voix contre 39,2% à son rival social-démocrate Geraldo Alckmin, Lula a complètement renversé la vapeur lors de ce deuxième tour des présidentielles. Le 1er octobre, l'ancien ouvrier métallurgiste et dirigeant syndical, devenu président en 2002, avait manqué de justesse la réélection au premier tour. Il avait obtenu 48,6% des voix contre 41,6% à M. Alckmin. Ce ballottage surprise avait été provoqué par le scandale de l'achat d'un dossier anti-opposition par son Parti des travailleurs (PT), intervenu en pleine campagne électorale, à quinze jours seulement du scrutin. Mais le président n'a cessé pas de progresser dans les sondages. Pendant la campagne du second tour et, au fil des quatre face-à-face télévisés qui ont opposé les deux concurrents, Lula a pris l'avantage en profitant du flou du programme de son adversaire. Il s'est positionné comme le défenseur des plus pauvres en s'appuyant sur les bons résultats de la lutte contre l'inflation, sur la hausse du salaire minimum et sur l'extension des programmes d'aide sociale. "Lula" da Silva bénéficie d'une immense popularité auprès des couches les plus défavorisées. Le président brésilien en est, d'ailleurs, lui-même issu. Né le 27 octobre 1945, huitième et dernier enfant d'une famille d'agriculteurs pauvres du Pernambouc (nord-est), Lula a sept ans lorsqu'il émigre avec sa famille vers l'Etat de Sao Paulo pour échapper à la misère. Ouvrier métallurgiste à 14 ans, il perdra un doigt - l'auriculaire gauche – en manipulant une machine. À 21 ans, il entre au Syndicat des métallurgistes et en devient le président en 1975. Il conduit les grandes grèves de la fin des années 70, en pleine dictature militaire (1964-1985). En 1980, il fonde le PT puis participe en 1983 à la création de la Centrale unique des travailleurs (CUT). Lula se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1989, où il échoue de peu contre Fernando Collor, destitué en 1992. Il sera encore battu en 1994 et 1998 par Fernando Henrique Cardoso. La quatrième fois sera la bonne, en octobre 2002. A la tête de l'Etat, il a mis en application son pragmatisme de syndicaliste pour gagner la confiance des milieux économiques tout en élargissant son audience au sein des milieux populaires.