Vengeances sectaires, attentats, fusillades… l'Irak, un pays en proie à la guerre civile, poursuit sa descente aux enfers. En seulement deux jours, les violences intercommunautaires ont fait plus de 80 morts. «La victoire est à portée de main, mais n'oubliez pas que votre but à court terme est de libérer votre pays des forces d'occupation». Dans une lettre ouverte aux Irakiens dont le contenu a été diffusé par l'agence Reuters, le président déchu Saddam Hussein n'y va pas de main morte. «Je vous exhorte à être justes dans la conduite de votre guerre sainte, à ne pas vous laisser guider par l'émotion et je vous invite au pardon plutôt qu'à la fermeté avec ceux qui ont quitté le chemin», poursuit l'ancien dictateur à un moment où le pays connaît une grave escalade des violences intercommunautaires. En deux jours seulement, les attentats et fusillades ont fait plus de 80 morts. À Bagdad, le secrétaire adjoint du ministère de l'Intérieur, Hala Chaker, a échappé à une attaque à la bombe qui a fait sept morts. Mais ce sont les sanglantes représailles entre chiites et sunnites qui ont marqué le week-end dernier et qui ont fait au moins 63 morts à Balad et ses environs. Dans cette localité située à 80 km au nord-ouest de Bagdad, dans une région majoritairement sunnite, des miliciens chiites ont entamé une virée sanglante contre les sunnites après la découverte vendredi soir des corps décapités de 17 de leurs coreligionnaires. Selon la police et des sources hospitalières, au moins 46 personnes ont trouvé la mort durant la nuit de samedi à dimanche, dans la ville et ses environs, Kirkouk, riche ville pétrolière du nord de l'Irak, a connu de son côté une série d'attentats à la bombe, qui s'inscrivent semble-t-il dans une lutte de pouvoir de plus en plus violente entre Arabes et Kurdes pour le contrôle des richesses pétrolières du nord de l'Irak. Deux fillettes sont mortes quand un kamikaze a fait sauter les explosifs qu'il portait sur lui devant un lycée kurde de jeunes filles dans le centre-ville. Cinq autres personnes sont mortes dans un attentat-suicide à la voiture piégée qui a visé un convoi du Service de protection des infrastructures, qui assure la surveillance des bâtiments publics. Dix autres personnes ont été blessées, selon le brigadier Sarhat Abdul-Kader de la police irakienne. Dans le sud de la ville, trois autres personnes ont été tuées et huit blessées dans un attentat-suicide dans un marché, selon le policier. Au moins deux autres voitures piégées ont explosé dans la ville, faisant un mort et cinq blessés, a-t-il ajouté. Les forces américaines ont déploré au moins cinq nouvelles victimes le week-end dernier, ce qui porte à une cinquantaine le nombre des soldats tués depuis le début du mois. Depuis le 1er Ramadan, le 24 septembre, les violences confessionnelles ont encore augmenté, essentiellement dans la capitale. Deux sénateurs républicains réclament une nouvelle stratégie Deux sénateurs républicains influents ont réclamé dimanche une nouvelle stratégie américaine en Irak, estimant que la situation ne fait qu'empirer, laissant peu d'options aux Etats-Unis. Chuck Hagel et John Warner, respectivement sénateurs du Nebraska et de Virginie, font partie des républicains, de plus en plus nombreux, à dénoncer ouvertement la politique du président George W. Bush en Irak et prôner un changement de stratégie réclamé depuis longtemps par les démocrates. «Le peuple américain ne va pas continuer à appuyer, soutenir une politique qui place les troupes américaines au cœur d'une guerre civile», a prévenu Chuck Hagel lors de la "Late Edition" de CNN. Pour lui, il est temps de changer de stratégie, mais «nos options sont limitées». Son collègue John Warner, président de la commission des services armés du Sénat, qui a récemment effectué une visite en Irak, prône un changement de stratégie si le gouvernement irakien échouera à rétablir l'ordre dans les deux ou trois prochains mois. Il a ajouté que dans la semaine suivant sa visite, il y a eu «une croissance exponentielle des meurtres et de la sauvagerie».