L'absence d'accord sur la formation du gouvernement irakien a provoqué une flambée de violences qui risque de plonger le pays dans une guerre civile. Quarante-cinq personnes tuées et quatre-vingt-dix blessées, c'est le bilan estimatif de l'attentat suicide qui a frappé mercredi la ville d'Erbil située à 350 km au nord de Bagdad. Cet attentat qui a visé des recrues de la police est le plus sanglants qu'a connu l'Irak depuis l'entrée en fonctions du nouveau gouvernement irakien. «Ce genre d'actes lâches ne nous fera pas peur et ne va pas nous terroriser», a déclaré le gouverneur Nawzad Hadi après s'être rendu au chevet des blessés. «Nous nous engageons à poursuivre la lutte contre le terrorisme jusqu'à le déraciner», a-t-il ajouté. Le kamikaze s'est mêlé aux recrues de la police avant de se faire exploser vers 09H30 (05H30 GMT) devant les bureaux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) qui servent aussi de centre recrutement de la police. L'explosion a eu lieu au moment où des dizaines de jeunes étaient rassemblés devant le centre de recrutement de la police situé derrière l'hôtel Sheraton. L'attentat constitue une continuation à la vague de violences qui ont secoué le pays depuis l'annonce du nouveau gouvernement jeudi dernier. Après un week-end très meurtrier marqué par les explosions et les fusillades, la violence s'est s'intensifiée faisant de plus en plus de victimes, pour la plupart des civils. La flambée de violence a coûté lundi la vie à au moins vingt-trois personnes (21 Irakiens, un soldat britannique et un autre américain) dans plusieurs attaques de la guérilla. Le même jour à Bagdad, au moins neuf Irakiens ont trouvé la mort dans deux attentats à la voiture piégée. Le premier véhicule a explosé dans un quartier commerçant du sud de la capitale, tuant six civils et en blessant sept autres. L'autre attentat a eu lieu dans le quartier de Zayona (est de Bagdad). Il a coûté la vie à trois Irakiens, dont deux policiers, et a fait six blessés, rapporte le lieutenant de police Hassan Chalob. Ce nouveau déchaînement de violence est le fruit de la discorde qui entoure la formation du gouvernement toujours incomplète. En effet, certains dirigeants sunnites protestent contre le fait de ne pas avoir obtenu, comme ils le souhaitaient, des postes clés dans le nouveau cabinet irakien. Pour sa part, le Premier ministre affirme que les portes du gouvernement seront ouvertes devant les ex-partisans de l'ancien système à condition qu'ils n'aient aucun lien direct ou indirect avec le terrorisme. «Je dis à l'intention de ceux qui s'étaient alignés sur le régime révolu (de Saddam Hussein) que le cœur de notre peuple est grand à condition qu'ils n'aient pas de sang sur les mains», a t-il déclaré. La liste du gouvernement annoncée ne comporte pas les noms des titulaires de la Défense (promise à un sunnite) et du Pétrole (garanti à un chiite). M.Jaafari a affirmé à cet égard que ce sont les divergences entre sunnites qui ont empêché la nomination d'un ministre de cette communauté à la Défense. «Il y a des différends entre les frères arabes sunnites et nous avons préféré ne pas aller trop vite afin que le choix (d'un ministre) soit satisfaisant et respecté par les Irakiens et plus particulièrement par les sunnites», a déclaré le Premier ministre. Tant qu'il n'y aura pas d'accord, l'intérim de la Défense continuera d'être assuré par le Premier ministre lui-même et du Pétrole par le chiite laïc Ahmed Chalabi. Ce dernier est l'un des deux vice-Premiers ministres désignés avec le Kurde Roj Shawees. Au chapitre des otages, l'état de santé du ressortissant australien enlevé s'aggrave. C'est ce qu'a déclaré mercredi le ministre australien des Affaires étrangères Alexander Downer, après avoir appelé à sa libération sur une chaîne de télévision arabe. Lors de son apparition sur la chaîne Al-Jazira, le ministre a lancé un appel à la libération de Douglas Wood, un homme d'affaires âgé de 63 ans. "J'ai souligné au cours de l'interview avec Al-Jazira que Douglas Wood ne va pas bien. Il a de très graves soucis au cœur, et il a également un problème à l'un des yeux", a indiqué M. Downer à la radio Australian Broadcasting Corporation.