Interrogé sur l'affaire Clearstream, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, s'est défendu de façon vigoureuse. Toutefois, beaucoup de questions restent sans réponses. Après la tempête du CPE, le cyclone de Clearstream. Mardi, l'Assemblée nationale censée examiner le projet de loi de Nicolas Sarkozy sur l'immigration (voir encadré) a été marquée par une avalanche de questions sur l'affaire du corbeau. Les attentions étaient en effet polarisées par Dominique de Villepin qui a, à plusieurs reprises, été interpellé au moment des questions d'actualité sur cette affaire qu'on ignore toujours les dessous. Ne serait-elle qu'un feu d'artifice factice ? un pétard mouillé? Dominique de Villepin serait-il lui aussi manipulé ? Dans ce cas, qui tire les ficelles ?… Trop de questions qui restent sans réponses. Devant l'assemblée, le Premier ministre français, secouru par le général Philippe Rondot qui avait démenti dans un entretien les allégations du quotidien "Le Monde", a orchestré sa contre-offensive se posant en victime d'une «campagne de calomnies et de mensonges ignobles» et excluant catégoriquement de démissionner. Sur Europe 1, le Premier ministre a qualifié de «pétard mouillé» les informations sur sa supposée implication dans cette affaire de dénonciation calomnieuse où des hommes politiques, dont Nicolas Sarkozy, ont été faussement accusés par un mystérieux corbeau de détenir des comptes occultes, via la société Clearstream. Cela ne justifie pas un «départ de Matignon», a-t-il déclaré. Le Premier ministre s'est montré certes combatif mais pas très convaincant ! En tout cas, c'est l'avis de la quasi-majorité des journaux français qui commente sa réaction de façon un peu mitigée. Dominique de Villepin «fait front en passant de la défensive à l'offensive», selon "La Croix", il «tient bon et dénonce la "calomnie"», pour La "Tribune", il «contre-attaque», écrit Le Figaro. «En pleine tourmente et au plus bas dans les sondages, le Premier ministre fait pourtant face», ajoute "Le Parisien", en dressant les cinq raisons qui expliquent sa combativité, notamment le fait qu'«il connaît les tempêtes judiciaires et qu'il parie sur la suite de l'enquête». Mais l'affaire dans laquelle il est mis en cause est loin d'être éclaircie et "Le Figaro" réclame en éditorial l'«urgence de la vérité». "Le Monde", lui, est revenu à la charge en publiant des documents qui «battent en brèche» à ses yeux la contre-attaque de Dominique de Villepin. Ces nouveaux extraits publiés par "Le Monde" daté du jour de l'audition du général Philippe Rondot par les juges d'instruction en charge de l'affaire Clearstream ne mettent pas en cause uniquement le Premier ministre, mais aussi le président de la République. Lors d'une rencontre, le 9 janvier 2004, au ministère des Affaires étrangères, «de Villepin m'a fait part des instructions qu'il avait reçues, au sujet de cette affaire des listings de comptes Clearstream, de la part de M. Chirac, » a déclaré M.Rondot, selon "Le Monde". Le Premier ministre a aussitôt vigoureusement dénoncé dans un communiqué «l'exploitation faite à nouveau par le journal "Le Monde" de propos tronqués, d'amalgames, d'interprétations». La fable du Corbeau manipulateur n'est pas à son épilogue et pour la morale, il faut encore patienter ! Immigration : Sarkozy défend son projet Les députés ont entamé mardi l'examen du projet de loi sur l'immigration choisie qui suscite un profond clivage droite-gauche. Nicolas Sarkozy renvoyant à ses contradictions internes un PS qui l'accuse en retour de chasser sur les terres de l'extrême droite. En présentant le projet immigration et intégration aux députés, le ministre de l'Intérieur a appelé à transcender «les oppositions politiques frontales» sur un sujet «qui ne doit plus être tabou». «Mon seul regret est que le Parti socialiste ait adopté une posture politicienne», a regretté M.Sarkozy. Répétant à la tribune la phrase qui avait donné lieu à une vive polémique, en demandant aux étrangers «d'aimer le pays qui les accueille... sinon rien ne les oblige à y rester», M.Sarkozy a appelé les députés à se rallier à la «voie médiane» qu'il propose «entre deux extrémismes».