Les propos incendiaires du chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, ont à tel point enflammé les territoires que les deux mouvements, le Fatah et le Hamas n'ont eu d'autre choix que de jouer la carte de l'apaisement. Avec la crise financière que traverse l'Autorité palestinienne et l'isolement politique que connaît le nouveau gouvernement dirigé par le mouvement radical Hamas, il suffit de simples étincelles pour mettre le feu à la bande de Gaza. Les tensions entre le gouvernement Hamas et Mahmoud Abbas sont montées d'un cran samedi avec des affrontements ayant fait 30 blessés, au lendemain d'une violente diatribe du chef en exil du Hamas Khaled Mechaal contre le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. «Ceux qui croient s'ouvrir la route du pouvoir sur un tapis rouge américano-israélien en faisant échouer ce gouvernement, sont dans l'erreur», avait déclaré Mechaal devant des partisans à Damas. Khaled Mechaal avait réagi à un décret du président Abbas annulant une décision du Hamas de créer une nouvelle force de sécurité qui serait dirigée par l'islamiste radical Djamal Abou Samhadana, chef des Comités de résistance populaires. La querelle sur la force de sécurité a exacerbé les tensions entre les deux mouvements. Le Hamas a battu le Fatah aux législatives palestiniennes de janvier, ce qui lui a permis de prendre en main le gouvernement. Mais Abbas conserve ses pouvoirs exécutifs au sein de l'Autorité palestinienne. Les propos de Mechaal ont mis le feu aux poudres. Samedi, la bande de Gaza a été le théâtre à des accrochages inter-palestiniens sans précédent depuis plusieurs mois. Les affrontements ont opposé des partisans du mouvement Hamas au pouvoir et du Fatah. Une vingtaine de personnes ont été blessées au cours de ces affrontements armés entre des étudiants et des militants acquis au Hamas ou au Fatah. Scandant «Mechaal est un traître» des milliers de partisans du Fatah de Mahmoud Abbas ont défilé samedi à Gaza, certains en tirant des coups de feu en l'air. Beaucoup d'autres ont aussi manifesté en Cisjordanie. Lançant des engins explosifs en chemin, des militants ont manifesté à Gaza près du siège du Conseil législatif palestinien. Un jeune garçon a été blessé par un éclat. Certains se sont aussi rassemblés devant la résidence et les bureaux d'Abbas dans le territoire. Les accusations de Khaled Mechaal ont à tel point enflammé les territoires que samedi, il a dû faire marche arrière. Assurant que ses propos avaient été mal interprétés, il a plaidé pour l'unité des Palestiniens. Mais cela n'a pas suffi. Et dimanche matin, les deux mouvements ont été oubliés de jouer la carte de l'apaisement dans l'espoir de calmer les esprits. Ils ont notamment publié durant la nuit un communiqué commun à l'issue d'une "réunion d'urgence", affirmant qu'ils œuvreraient «en coopération afin de consolider l'unité nationale.» «Les deux parties se sont mises d'accord pour appeler l'ensemble du peuple palestinien à arrêter toutes les manifestations susceptibles de provoquer des tensions», indique le texte. En guise de bonne foi, le président palestinien a annulé un rassemblement de protestation prévu contre le chef politique du Hamas Khaled Mechaal. Cet incident témoigne de l'atmosphère qui règne sur la bande de Gaza et la Cisjordanie. Le Hamas persiste sur ses positions et le Fatah saute sur le premier faux-pas du mouvement radical. De quoi déstabiliser les territoires palestiniens et semer le chaos !