L'Allemagne a démenti lundi une information du quotidien américain New York Times selon laquelle le renseignement extérieur allemand BND aurait livré aux services militaires américains avant la guerre en 2003 un plan de défense de Bagdad. Le porte-parole du gouvernement, Ulrich Wilhelm, a déclaré que le BND "n'a eu aucune connaissance" d'un plan pour la défense de Bagdad qui aurait été adopté lors d'une réunion entre l'ancien dictateur Saddam Hussein et ses commandants le 18 décembre 2002 et qui aurait révélé le futur positionnement des unités du régime irakien. L'information contenue dans l'article du New York Times "est fausse", les deux agents du BND "n'ayant pas eu connaissance" de cette réunion et de ce plan et n'ayant pu le transmettre, a souligné le porte-parole allemand. Le BND a lui-même catégoriquement démenti l'article de une du quotidien américain. Selon l'expert allemand des services secrets Erich Schmidt-Eenboom, cependant, l'article du New York Times est "très crédible", en raison des longues et étroites relations ayant existé entre le BND et les services secrets irakiens. La transmission d'un tel document aurait été perçue comme un "coup de maître", a-t-il fait valoir au quotidien Tageszeitung à paraître mardi. Selon le New York Times, les Etats-Unis auraient été informés en février (bien février) 2003 par le renseignement allemand d'un nouveau plan de défense de Bagdad. Le plan aurait été remis à un agent du service de renseignement militaire DIA au commandement américain au Qatar. "Deux agents secrets allemands à Bagdad ont réussi à obtenir une copie du plan de (l'ex-président irakien) Saddam pour défendre la capitale irakienne, et un responsable allemand l'a transmis au commandement américain un mois avant l'invasion", écrit le quotidien new-yorkais citant "un rapport militaire américain secret". "En remettant ce document irakien, les services secrets allemands ont aidé les Etats-Unis bien plus que ce que leur gouvernement a admis publiquement. Ce plan a permis à l'armée américaine de savoir ce qui avait été décidé au plus haut niveau irakien, y compris où et comment Saddam Hussein avait l'intention de déployer ses troupes les plus fidèles". Réagissant à ces informations, le BND a indiqué que tous les rapports rédigés par ses deux agents en Irak entre le 15 février et le 2 mai ont été soumis à l'organe de contrôle du Bundestag, et que le document signalé par le New York Times ne figure pas parmi eux. Le rôle des deux agents restés à Bagdad à la demande du gouvernement de Gerhard Schrvder, en dépit de son opposition à l'offensive américaine, a suscité un large débat en Allemagne, les partis d'opposition envisageant de demander à ce sujet une commission d'enquête parlementaire. Des voix se sont élevées lundi au Parti libéral et au Parti de gauche (opposition) ainsi que dans la CDU, parti d'Angela Merkel, pour réclamer une clarification parlementaire. Le gouvernement d'Angela Merkel a présenté la semaine dernière un rapport détaillé dédouanant les deux agents. Ce rapport indique qu'ils ont certes livré aux services militaires américains quelques informations afin de protéger des objectifs civils et mentionnant quelques positions militaires irakiennes, mais qu'elles étaient sans signification décisive pour la conduite de la guerre.