Condoleezza Rice a entamé lundi sa tournée européenne alors que l'affaire des prisons secrètes présumées de la CIA ne cesse de prendre de l'ampleur face au silence embarrassé de Washington. La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice a entamé hier sa tournée européenne qui sera inévitablement dominée par la polémique des vols controversés desdits «avions prison» ainsi que des centres de détentions secrètes que la CIA aurait déployer dans plusieurs pays européens. La patronne de la diplomatie américaine a annoncé la couleur en affirmant que les informations collectées par les services secrets américains auprès d'un très petit nombre de détenus extrêmement dangereux avaient permis de déjouer des attentats et sauver des vies en Europe ainsi qu'aux Etats-Unis et dans d'autres pays. Elle a ajouté que les Etats-Unis «utiliseront toutes les armes légales pour vaincre ces terroristes». C'est la première fois qu'un responsable américain réponde à cette polémique soulevée en Europe. Mais cette réponse est restée vague dans la mesure où Condoleezza Rice n'a pas voulu dire si la CIA avait ou non opéré des centres de détention clandestins en Europe. Aujourd'hui, les Européens sont impatients d'avoir des réponses concrètes, surtout que l'affaire n'a pas cessé de prendre de l'ampleur et ce de façon exponentielle face au silence embarrassé de Washington. En Allemagne, le quotidien «FAZ» a jeté un pavé dans la mare en affirmant que l'ancien ministre de l'intérieur, Otto Schily (SPD), était au courant de l'existence des prisons secrètes de la CIA. Se basant sur un article du «Washington Post», le journal allemand a précisé que les Etats-Unis ont informé M.Schily, au courant du mois de mai 2004, sur les révélations d'un Allemand. L'ancien ambassadeur américain Daniel Coats avait rencontré personnellement Schily, car l'affaire était trop délicate pour être traitée à travers les canaux diplomatiques normaux. Selon l'article, il s'agit du cas de Khaled El Masri retenu de force. Ce dernier a été arrêté pendant son séjour à Sylvestre Mazedonien en 2003 par la police. Après avoir été capturé par la CIA et mis en détention dans une prison en Afghanistan où il a passé cinq mois, il fut ensuite relâché. Il s'agirait a priori d'une confusion au niveau du nom. «Par peur d'une plainte devant un tribunal, les Américains n'ont pas voulu informer les autorités allemandes. Ils ont déplacé El Masri vers la Macédoine pour le relâcher ensuite là-bas. Il n'y aurait eu trace d'aucun billet d'avion. Les déclarations d'El Masri demeurent invérifiables. Personne ne donne de suite à ses affirmations» poursuit le quotidien. L'Allemagne a une liste de plus de 400 vols et atterrissages d'avions soupçonnés d'avoir été utilisés par la CIA et sur lesquels Berlin compte bien demander des explications "concrètes" à Condoleezza Rice. Ulrich Wilhelm, porte parole du gouvernement de Bavière, a confirmé l'information par le magazine «Der Spiegel» à propos de cette liste -tirée du contrôle aérien- qui montre qu'au moins 437 vols suspects sont passés par l'Allemagne ou ont survolé le pays. Wilhelm a expliqué que cette question serait évoquée lors de la rencontre entre Condoleezza Rice et la chancelière Angela Merkel. Wilhelm a déclaré sans plus de détails que Berlin avait des "questions concrètes". Condoleezza Rice devait commencer sa tournée européenne par la Roumanie, avant de se rendre en Allemagne, en Ukraine et en Belgique. Après un nouveau rappel de Bruxelles, la Maison-Blanche a promis que la secrétaire d'Etat américaine répondrait aux interrogations lors de sa visite sur le Vieux Continent.