La tradition du jumelage entre villes est fortement ancrée dans notre pays et nos cités sont jumelées avec de nombreuses homologues à travers le monde. La semaine dernière une délégation d'élus franco-marocains, menée par le Cercle Eugène Delacroix, accompagnée de parlementaires, était en visite au Maroc à l'invitation du président du Parlement Rachid Talbi Alami. En plus de leurs rencontres officielles, un déjeuner avec des membres de la société civile -acteurs du mouvement associatif– était organisé. Un déjeuner qui sortait des sentiers battus puisqu'il s'agissait pour les élus venus de France de rencontrer – les membres de l'association Salam Lekoulam -association composée à parité de Marocains musulmans et de Marocains juifs – qui a véritablement innové en matière de vivre notre Tamaghrabite- – de jeunes MRE de la nouvelle génération (moyenne d'âge 25 ans), récemment (r)entrés au pays de leurs parents – et enfin de jeunes sportifs. Tout ce petit monde s'est d'ailleurs retrouvé autour d'un déjeuner fait selon la tradition culinaire juive au SOC, bref une initiative innovante et reflétant notre diversité tant dans sa forme que dans le fond. La discussion a duré plus de deux heures et personnellement j'ai voulu vous faire part ici d'une idée qui en a émergé et m'a paru porteuse de beaucoup de nouvelles perspectives: le jumelage associatif : «ASSO'LIDAIRES» Dans notre pays actuellement s'il est bien des domaines en pleine effervescence, ce sont : – la culture -notamment de proximité- – le sport à travers ce que l'on appelle les «sports de rue» ou encore sports émergents et qui gagnent notre jeunesse jusque dans le plus petit douar, – la jeunesse elle-même qui se réinvente et s'approprie de nouveaux espaces: la rue (autrement que par Rass El Derb), les réseaux sociaux, la scène sociale – et enfin notre communauté de l'étranger avec laquelle (notamment les nouvelles générations) il nous faut inventer de nouveaux rapports. L'approche qui a été celle de nos dirigeants en tous ces domaines est appelée à se rénover, car précisément ce sont des domaines en perpétuelle évolution et actuellement en pleine ébullition. Sous les coups de boutoir des générations actuelles, accentués par les réseaux sociaux, tout s'accélère et il n'est plus possible de penser à les gérer avec les méthodes et les codes du passé, dépassés. De nouveaux talents émergent, des visages inconnus du grand public remportent un succès phénoménal auprès de cibles plus jeunes. La musique, même si elle se produit toujours sur scène, se propage via les vidéos, via les clips et touche infiniment plus de monde, la télévision n'est plus le canal obligé; les sports qui passionnent aujourd'hui la jeunesse n'ont plus pour seul espace celui des salles ou des complexes sportifs : leur lieu de prédilection est la rue ; la peinture, le dessin, la sculpture ne s'exposent plus seulement dans des galeries élitistes mais envahissent les murs et murailles de nos villes: le concept de «Gale'rue» est en pleine expansion. Or plus que jamais la culture et le sport sont des vecteurs d'insertion sociale et de vivre-ensemble à nul autre pareil, comment donc leur ouvrir de nouvelles voies, leur permettre d'atteindre le plus grand nombre, faire que la société toute entière se les approprie et non pas les cantonner à une vie clandestine? Les jeunes MRE de leur côté n'attendent plus les mêmes choses que leurs parents du pays d'origine, ils souhaitent s'impliquer différemment, se sentir concernés, engagés et sont eux aussi amateurs et créateurs de culture novatrice et de sports émergents. Il y a là selon moi une formidable opportunité pour lier tous ces phénomènes et en rénover la vision et la pratique en profondeur. Le 10 décembre prochain, acteurs associatifs et culturels, jeunes pratiquants des sports de rue, acteurs du vivre-ensemble : Salam Lekoulam, Marocains Pluriels, Kech'Jeunesse, JAMS, et jeunes MRE, nous lancerons le débat sur «sport et culture, vecteurs d'insertion sociale et de vivre-ensemble» autour d'un intervenant de grande qualité, Driss El Yazami, qui a tellement à dire en ce domaine et qui en tant que président du CCME nous aidera à explorer la piste que nous souhaitons mettre en place : celle du jumelage associatif, «ASSO'LIDAIRES». Les détails feront l'objet d'une prochaine chronique... Ahmed ghayet