Les fonds de l'opération «Sidaction 2005» continuent de susciter une grande polémique. Les patients étant pris en charge par le ministère et le Fonds de l'ONU, des questions se posent quant au sort réservé à ces fonds. La polémique enfle autour de l'opération «Sidaction Maroc 2005». Quelques jours après la diffusion en direct de la campagne sur 2M, TVM et Al Maghribiya, elle se transforme en un véritable bras de fer entre Hakima Himmich, présidente de l'ALCS (Association de lutte contre le Sida) et Nadia Bezad, présidente de l'OPALS (Organisation panafricaine de lutte contre le Sida). Le torchon brûle entre ces deux militantes associatives dans le domaine de la prévention des MST (maladies sexuellement transmissibles) et du VIH/Sida. Dans un communiqué de presse, rendu public jeudi 22 décembre, Hakima Himmich répond sur un ton virulent aux propos de ses détracteurs. Dans un premier temps, elle réaffirme que l'opération «Sidaction 2005» est une initiative de l'ALCS et qu'il n'était jamais question de partager les fonds collectés avec qui que ce soit. "Comment peut-on nous reprocher d'avoir trompé le public sur l'initiateur de Sidaction et la destination des fonds collectés, alors que toute la communication précisait clairement que le Sidaction était organisé par l'ALCS et que cela a été dit et répété par tous les intervenants pendant l'émission? Nous en voulons pour preuve supplémentaire le fait que les chèques sont libellés "ALCS Sidaction"", lit-on dans le communiqué. Mme Himmich a fait savoir que son association a déjà organisé en 1994 une émission similaire intitulée "Le Sida en clair" dont personne n'avait contesté la paternité. Le montant, ironise-t-elle, modique de la collecte de 1994, ne méritait peut-être pas le partage. Par ailleurs, elle a tenu à préciser dans son communiqué que "les fonds collectés serviront à financer des actions de prévention et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH ainsi que la rénovation des services de maladies infectieuses.". "Contrairement à ce que certains prétendent, au Maroc, la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH ne se fait ni dans les dispensaires ni dans les locaux de telle ou telle association. Elle se fait exclusivement dans les six services spécialisés dans ce domaine auxquels l'ALCS procure 60 % des médicaments nécessaires au traitement des complications du Sida, les autres 40 % étant fournis par le ministère de la Santé et ce depuis 1988.", souligne-t-elle. Contactée par ALM, une responsable au ministère de la Santé dément les propos de Hakima Himmich. Hamida Khattabi, chargée du Programme national de la lutte contre le Sida (PNLCS), au sein du ministère de la Santé a réfuté catégoriquement les chiffres avancés sur la prise en charge des patients par Mme Himmich. "Les personnes malades vivant avec le virus du Sida sont totalement prises en charge par le ministère de la Santé qui est le principal récipiendaire du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Les associations telles que ALCS, OPALS et LMLMST (Ligue marocaine de lutte contre les MST) sont des sous-bénéficiaires de ce fonds. Le ministère se charge ensuite de répartir les subventions entre ces différentes ONGs. Outre la trithérapie, le ministère assure le financement du traitement des infections opportunistes comme la tuberculose.", affirme Dr. Hamida Khattabi de manière on ne peut claire. Le traitement ainsi que le suivi médical sont ainsi assurés par les services du département de Mohamed Cheikh Biyadilah. "Il convient de préciser que le financement de la prise en charge des patients atteints du Sida au Maroc est assuré à hauteur de 50% par le ministère de la Santé et 50% par le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. De même, la plupart des locaux relevant des ONGs marocaines oeuvrant dans le domaine de lutte contre le sida sont des centres du ministère de la Santé. Sans oublier que l'équipement de ces locaux, les médicaments pour le traitement des IST (Infections sexuellement transmissibles), les préservatifs, les fongibles et les tests rapides de dépistage, anonymes et gratuits, de l'infection du VIH/Sida sont également fournis par le ministère de la Santé. Plus explicitement, ledit ministère délègue ces activités aux associations.", ajoute-t-elle. Selon Mme Khattabi, les patients souffrant de la maladie du Sida sont effectivement pris en charge dans les hôpitaux au niveau du CHU de Rabat, au service de médecine A à Ibn Sina, au service des maladies infectieuses du CHU Ibn Rochd de Casablanca et dans les six hôpitaux régionaux (Fès, Meknès, Tanger, Oujda, Marrakech et Agadir). Dès lors, une question se pose d'elle-même. Où va l'argent du Sida collecté par l'ALCS lors des différentes campagnes de sensibilisation comme celle de Sidaction Maroc 2005 si les sidaïques sont pris en charge par d'autres organismes ? Et puis la transparence veut que l'ALCS publie régulièrement ses comptes à l'instar de la fondation Mohammed V pour la solidarité. C'est le meilleur moyen de lever toute confusion ou réflexion malsaine.