Le Réseau des ONGs marocaines de lutte contre le Sida (ROMS) épingle l'association de Hakima Himmich. Ce collectif estime que l'ALCS s'est attribuée le monopole de l'opération Sidaction 2005. L'opération "Sidaction Maroc 2005" organisée, vendredi 9 décembre, par la deuxième chaîne marocaine 2M, en partenariat avec l'Association de lutte contre le Sida (ALCS) suscite une vive controverse. Le Réseau des ONGs marocaines contre le Sida (ROMS) dénonce avec vigueur ce qu'il qualifie de "monopole par l'ALCS" de cette campagne initiée pour sensibiliser le public à la gravité de la maladie du Sida et collecter les fonds nécessaires pour la prise en charge des patients atteints du virus VIH. Dans un communiqué, le ROMS déclare que l'opération "Sidaction a été monopolisée par une seule association au nom de la société civile. Ceci alors que trois autres associations, qui partagent la même lutte, ont été tout simplement écartées. Or, celles-ci existent depuis des années déjà. Elles ont à leurs actifs plusieurs réalisations en faveur aussi bien des patients que de la société marocaine". Le ROMS dénonce également, et sur un ton des plus véhéments, ce qu'il appelle "la discrimination dont ont été victimes les trois autres associations", en l'occurrence, LMLMST (Ligue marocaine de lutte contre les MST), OPALS (Organisation panafricaine de lutte contre le Sida), et AMJCS (Association marocaine des jeunes contre le Sida). Ces dernières s'estiment lésées et jugent que la lutte contre le Sida requiert l'engagement et l'adhésion de toutes les forces vives de la nation. L'ensemble des associations marocaines regroupées dans ce collectif va encore plus loin. Il considère que Sidaction 2005 a fait l'objet de manipulations. "Le ROMS considère que cette opération a été détournée et manipulée. D'une opération censée mesurer la mobilisation nationale dans la lutte contre le Sida, elle s'est transformée en une opération de marketing au profit d'une seule association. Celle-ci se considère comme étant la seule à œuvrer dans le domaine, et donc l'unique et exclusif bénéficiaire « légitime » des dons collectés à cette occasion.", lit-on dans le communiqué de ce collectif. Contactée par ALM, Nadia Bezad, coordinatrice du collectif ROMS et présidente de l'association OPALS, se dit "indignée et profondément scandalisée" par ce qu'elle qualifie de "véritable mascarade". Le Téléthon du vendredi 9 décembre 2005, pour elle, a tenté d'écarter des acteurs associatifs dont la seule raison d'être est de protéger le citoyen et de contribuer à son bien-être. "L'opération a été entachée d'une désinformation certaine de l'opinion publique. Celle-ci a été induite en erreur en croyant que les promesses de dons étaient destinées à l'action contre le Sida qui concerne l'ensemble des acteurs de la société civile active dans ce domaine et non pas une seule association", ajoute-t-elle, dépitée. Par ailleurs, le collectif des associations pointe également du doigt les conséquences de cette situation sur leur action sur le terrain. Selon les associations du ROMS, la situation est grave et pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur la poursuite de leur combat contre ce fléau. Le ROMS ne compte pas baisser les bras. Il appelle les responsables gouvernementaux à intervenir pour lever toute ambiguïté. "Il est vrai que l'ALCS a invité les trois associations à participer au Sidaction. Cependant, en se montrant intransigeante sur le non partage des fonds qui seront collectés, nous nous sommes retirés de l'opération", précise Nadia Bezad. Interrogée par ALM, Hakima Himmich rejette en bloc toutes les accusations des détracteurs de son ONG. "L'opération Sidaction est une initiative de l'ALCS. Il n'est pas question non plus de partager un fromage avec quiconque, même pas avec les 16 sections de l'ALCS. Ce que nous allons faire en fait, c'est lancer un appel d'offres début 2006. Cet appel à projets est ouvert à toutes les associations oeuvrant dans le domaine de la lutte contre le Sida.", réplique la présidente de l'ALCS (Voir page 5). Rappelons qu'au Maroc, on recense quelque1839 cas de Sida. Sur ce total, le ministère de la Santé prend totalement en charge quelque 1120 patients (les autres patients étant décédés suite à leur maladie) pour la tri-thérapie, les bilans sanguins, l'hospitalisation... En outre, l'ensemble des locaux des centres de traitement relevant des associations ainsi que le personnel médical et paramédical sont mis à la disposition de ces ONGs par le ministère de la Santé. Selon le département de Mohamed Cheikh Biadillah, l'équipement, les médicaments pour le traitement des IST (Infections sexuellement transmissibles) et les tests rapides pour le dépistage de l'infection VIH/SIDA sont fournis par ses services. "Depuis 2003, un comité de coordination, dans lequel le ministère et le Fonds mondial de lutte contre le SIDA sont représentés, examine les programmes de prise en charge proposés par les associations. Après étude minutieuse, il donne son accord pour le financement de ces projets. Ce dernier est assuré à hauteur de 50% par le ministère et 50% par le fonds mondial.", explique une source du ministère de la Santé. Grâce à l'opération Sidaction, plus de 20 millions de dirhams de promesses de dons ont été enregistrés. C'est cette "cagnotte" qui se retrouve aujourd'hui au centre d'une grande polémique. Et de multiples convoitises…