Intransigeante vis-à-vis des partenariats ambigus ou sournois, la politique étrangère du Royaume du Maroc, conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, exige des Etats une sincérité sans faille. Une position ferme, à prendre ou à laisser, que l'on peut décrypter, à travers le contenu sage et intelligible du discours de l'Auguste Souverain, prononcé le 20 août 2022, à l'occasion du 69ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. En effet, SM le Roi a adressé un message franc et direct aux quatre coins du monde pour tirer au clair un quiproquo au sujet des positions indécises, concédées par certains pays sur la question de l'intégrité territoriale et de la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud. La marocanité du Sahara n'est plus sujet à discussion «Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», tel est un extrait de l'allocution du 20 août 2022, prononcée par Sa Majesté ; un ultimatum qui avait été adressé, particulièrement, aux Etats qui entretiennent une relation économique dense et hautement bénéfique avec le Maroc. Pour ceux qui agissent, spontanément, de revoir, illico presto, leurs positions, et pour ceux qui se croient ingénieux, de saisir, une bonne fois pour toutes, que le Maroc s'est déterminé à fixer, manifestement, une ligne rouge, n'admettant plus le moindre dépassement ou dérapage, en ce qui concerne son intégrité territoriale. Rabat met ainsi en demeure ses partenaires historiques, pour satisfaire sans tarder ses revendications. Faute de quoi ceux qui ne s'y aligneront pas perdraient sa confiance, une situation incommodante, surtout pour les pays dont l'enjeu est de taille. Autrement dit, le passage ci-après de l'article publié, le 29 août 2022, par Gabriel Robin, journaliste rédacteur en chef du magazine français d'actualité «causeur», en serait un beau cliché. «La loyauté du Maroc envers la France est réelle, mais notre pusillanimité pourrait un jour nous la faire perdre». Les relations entre le Royaume du Maroc et la République française ne devraient être brisées, en aucune manière, compte tenu des intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques en jeu. Au contraire, ceux-ci mériteraient d'être étendus et développés davantage. Remontons l'histoire : SM le Roi Mohammed VI, après Son accession au Trône, avait choisi Paris comme première visite d'Etat, pour dire à quel point les liens indéfectibles entre les deux pays sont profondément enracinés ; S'y ajoute plus d'un million de Marocains résidant à l'étranger qui sont installés en France. Au troisième millénaire, la marocanité du Sahara n'est plus un sujet à négociation ou à discussion, surtout que les arguments juridiques et historiques confortent, indéniablement, la marocanité des provinces du Sud et infirment les thèses des parties adverses. En résumé, tout Etat qui se prétend être un véritable partenaire du Maroc ou qui entretient avec, des relations privilégiées, risquerait de perdre cette préséance, tant qu'il ne soutiendra pas la cause nationale. Kaïs Saïed, appelé à tirer la leçon de son erreur diplomatique En relations internationales et en diplomatie, il est parfois préférable de garder sous silence certains éléments, mais quand ceux-ci portent lourdement préjudice, il est désenchantant de relever que dans le cadre de partenariats historiques, privilégiés et d'exception, certains pays commettent des actes hostiles et profondément inamicaux. L'exemple le plus récent est celui de la Tunisie à laquelle le Maroc a toujours prêté main forte, par tous les moyens possibles, dans ses moments difficiles, que ce soit pour la soutenir diplomatiquement, politiquement, économiquement, socialement, sécuritairement ou encore en pleine crise de la Covid-19. Kaïs Saïed vient de briser une doctrine que tous ses prédécesseurs respectaient, de Ben Ali aux présidents, démocratiquement élus. «C'est un bouleversement. Nous avons connu des dérives, depuis l'indépendance, mais jamais une telle accumulation des pouvoirs sans y mettre les formes», avait lancé une ancienne députée tunisienne. Dans le même sillage, Sémia Zouari, vétérane diplomate de haut niveau, elle-aussi du pays du Jasmin, n'avait pas non plus hésité à clamer, haut et fort, son grand mécontentement, en avançant que «le Maroc, un pays frère qui n'a jamais failli à notre solidarité, se sent insulté et bafoué par notre position si légère…Où allons-nous ? S'agit-il des positions individuelles du président Saïed où est-il mal conseillé par son entourage familial et professionnel ?». Des témoignages marqués par des faits tangibles, à l'exemple du récent incident diplomatique, protocolaire et juridique envers le Japon : le président tunisien, censé co-signer avec le Premier ministre japonais toute invitation de participation au sommet Japon-Afrique (Ticad 8), a complétement failli à cet engagement, en se permettant d'inviter et d'accueillir, en personne et officiellement, le chef des milices du chimérique polisario, à sa descente d'avion le 26 août 2022 à l'aéroport de Tunis-Carthage, tout en lui réservant un accueil aussi important que celui assigné aux présidents. Pourtant, une note verbale officielle diffusée par le Japon, une semaine plus tôt, avait expressément précisé que cette invitation cosignée est «l'unique et authentique invitation sans laquelle aucune délégation ne sera autorisée à participer à la Ticad 8». Dans une autre mesure, les présidents de la Guinée Bissau et des Seychelles n'ont été accueillis que par la cheffe de gouvernement. Deux poids, deux mesures, alors que ces Etats africains sont reconnus par l'ONU, contrairement au RASD qui n'est qu'une fictive entité séparatiste. Quant au Maroc, celui-ci n'a pas tardé à convoquer son ambassadeur en Tunisie : une mesure symbolique forte pour exprimer son fort désaccord ; ce qui reste tout à fait légitime. Toutefois, cette crise diplomatique ne devrait être que passagère car les deux peuples frères sont unis par des liens historiques et humains. En tout état de cause, la construction d'un partenariat maroco-tunisien, authentique et pragmatique, s'imposerait car celui-ci servirait, à maints égards, les intérêts stratégiques des deux pays, voire même de l'Afrique. La vision Royale ne peut aboutir, en l'absence de diplomates chevronnés La vision Royale a besoin pour son exécution de diplomates compétents, patriotes, agiles et éthiques, particulièrement, quand il s'agit de la défense de l'intégrité territoriale ou de l'image de marque de notre cher pays. Citons l'exemple de l'ambassadeur Omar Hilal qui sert, avec loyalisme, dévouement, art et éthique inégalés, la cause nationale aux bancs de l'ONU. En vain, c'est une grande fierté pour le Maroc de disposer de tels talents: une nécessité incontournable pour la bonne exécution de la diplomatie Royale. L'actuel représentant permanent du Maroc aux Nations Unies à New York, bien qu'âgé de presque 72 ans, mène remarquablement les négociations spécifiques au dossier de la marocanité du Sahara, tout en assurant et toujours dans l'excellence, des missions internationales de haut niveau, confiées par cette instance mondiale. Selon de hauts fonctionnaires internationaux, le nom de Hilal marquerait à jamais l'histoire de l'ONU et de la diplomatie, à travers la finesse, la splendeur, l'élégance, l'agilité et la pertinence de ses différentes interventions. Là, il s'agit d'un modèle que le Maroc ne semble pas dupliquer à l'ensemble de ses représentations diplomatiques, un constat que l'on peut en déduire à travers les récents incidents ou échecs diplomatiques survenus ces derniers mois. La vision Royale ne pourrait être, dignement, déployée que dans le cadre d'une diplomatie Royale, alimentée par de hautes compétences et d'un personnel qualifié, professionnellement et déontologiquement. Dans cette perspective, il serait, respectueusement, recommandé qu'un programme de formation, bien ficelé, soit mis en place en vue de sélectionner les futurs ambassadeurs et diplomates de haut rang, selon des critères bien déterminés, tout en leur assurant des actions de sensibilisation, à fréquence régulière, en vue d'hisser, au plus haut niveau, leur rendement et de leur permettre de représenter et de défendre, au mieux, les intérêts suprêmes du Royaume. * Docteur en droit/Expert en Intelligence économique-analyste en Stratégie internationale/ Auteur du Concept d'Intelligence Diplomatique