L'absence récurrente des députés est une question épineuse qui n'a eu de cesse d'alimenter les critiques ces derniers mois. Le 14 novembre, la présidence de la Chambre des représentants s'était engagée à faire preuve de fermeté en lisant publiquement les noms des absents et en procédant aux retenues sur indemnités pour absence non justifiée. Une annonce qui, semble-t-il, est restée lettre morte. Depuis cette date, plus aucun rappel à l'ordre n'a été effectué et l'absentéisme n'a cessé de croître, atteignant son paroxysme lors de cette séance cruciale. La Chambre des représentants a adopté, mercredi 5 février, le projet de loi organique relatif à l'exercice du droit de grève. Une adoption qui soulève de vives critiques quant à sa légitimité alors que l'hémicycle était déserté par 291 députés sur 395, soit un taux d'absentéisme de près de 74 % Barlamane.com s'est longuement attelé sur les irrégularités du Parlement marocain et la moralisation d'une institution malmenée depuis plusieurs années. Présidant la séance, Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants, a annoncé la présence de seulement 104 députés. Parmi eux, 84 ont voté en faveur du texte contre 20 oppositions. Un chiffre qui, loin d'être anodin, jette une ombre sur la représentativité et la portée de cette adoption épineuse d'autant que l'absence massive des élus coïncidait avec une grève générale décrétée par plusieurs centrales syndicales en protestation contre ce texte, jugé attentatoire au droit constitutionnel des travailleurs à la grève. Mais au-delà de la controverse sociale et politique, une question de fond demeure : une loi votée en l'absence des trois quarts des élus peut-elle revêtir une légitimité démocratique ? La Constitution et le règlement intérieur de la Chambre des représentants fixent un quorum pour la validité des séances mais aucun seuil minimal n'est exigé pour l'adoption d'un texte, à l'exception des lois organiques soumises à une majorité absolue des membres. Ainsi, bien que l'adoption de cette loi soit juridiquement valide, son poids politique et sa légitimité morale apparaissent considérablement amoindris. Le projet de loi, qui avait déjà engendré de grands débats au sein de la deuxième chambre du Parlement, n'y avait mobilisé que 40 % des membres lors du scrutin. L'Union marocaine du travail (UMT), opposée au texte, avait marqué son désaccord en faisant claquer la porte à sept de ses membres avant même l'ouverture des débats. L'absence récurrente des députés est une problématique qui n'a eu de cesse d'alimenter les critiques ces derniers mois. Le 14 novembre, la présidence de la Chambre des représentants s'était engagée à faire preuve de fermeté en lisant publiquement les noms des absents et en procédant aux retenues sur indemnités pour absence non justifiée. Une annonce qui, semble-t-il, est restée lettre morte. Depuis cette date, plus aucun rappel à l'ordre n'a été effectué, et l'absentéisme n'a cessé de croître, atteignant son paroxysme lors de cette séance cruciale. L'adoption de ce texte dans un hémicycle presque vide interroge sur la légitimité d'une loi censée encadrer un droit fondamental. À l'heure où les syndicats dénoncent un texte liberticide et où la défiance envers les institutions politiques ne cesse de croître, cette séance parlementaire aux allures spectrales risque d'ajouter une pierre à l'édifice du malaise politique ambiant.