La Chambre des représentants marocaine a adopté, mercredi 5 février, le controversé projet de loi sur le droit de grève, avec seulement 104 députés présents sur les 395 que compte l'hémicycle. Le texte a été approuvé par 84 voix pour contre 20 oppositions, tandis que l'absence remarquée de 291 parlementaires a suscité une vague de critiques. Ironie amère, cette abstention massive survient lors de l'examen d'un texte précisément destiné à encadrer le droit de grève, laissant certains observateurs parler d'un "grève parlementaire implicite". "Il semble que nos honorables députés aient choisi de pratiquer eux-mêmes ce qu'ils tentent de restreindre par la loi", a commenté un analyste politique à Rabat sous couvert d'anonymat. Le projet de loi, attendu depuis des années et vivement débattu dans les milieux syndicaux, est accusé par ses détracteurs de restreindre sévèrement les libertés syndicales et de compliquer l'exercice du droit de grève, pourtant garanti par la Constitution marocaine. Les syndicats, déjà en alerte, dénoncent un texte "répressif" et "taillé sur mesure" pour affaiblir les mouvements sociaux. "Ce n'est pas une régulation, c'est un bâillon législatif", a fustigé un représentant de la Confédération démocratique du travail (CDT). La faible mobilisation des députés lors de ce vote crucial ravive le débat sur la représentativité et l'engagement des élus envers leurs mandants. "Comment peut-on prétendre encadrer le droit de grève quand les représentants du peuple désertent le débat ? C'est un message désastreux pour la démocratie parlementaire", s'indigne une source de l'opposition. Le signal envoyé par cette session expéditive et faiblement représentée laisse planer un doute sur la volonté réelle des institutions de favoriser un dialogue social inclusif.