En l'espace de quelques jours, des sources concordantes confirment la réception par les Formes armées royales (FAR) de nouveaux appareils renforçant substantiellement leurs capacités de défense aérienne. Une étape significative sur la voie de réalisation des objectifs tracés. On entend souvent l'expression anglaise de « game changer » pour décrire un fait destiné à bouleverser complètement la donne. Cette fois, il est pertinent de parler d'un véritable changement des règles du jeu. L'hélicoptère Apache AH-64 et le drone Akinci confèrent aux FAR une certaine supériorité dans la région. Mieux, le Maroc serait en négociations pour l'acquisition d'un autre drone chinois encore plus performant. Cette trajectoire consacre le caractère visionnaire de la stratégie de modernisation des méthodes de travail et des équipements de l'armée, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. De plus, la création d'une industrie militaire locale fait aussi son chemin sans tambour battant, dans la pure tradition des FAR. Mise en perspective. Le chasseur des chars Fin janvier, le forum spécialisé « Far-Maroc », qui a l'exclusivité de ce type d'informations, annonce l'arrivée imminente des premiers hélicoptères Apache AH-64E. Un lot de six appareils devrait être livré d'ici fin février. Ces hélicoptères de combat, parmi les plus avancés au monde, seront suivis d'un second lot de six unités supplémentaires, portant à douze le nombre total d'appareils attendus dans les mois à venir. Lire aussi | Le Maroc recevra en février le puissant drone de combat Bayraktar Akıncı Le programme global prévoit la réception de 24 Apache AH-64E, commandés dans le cadre du processus « Foreign Military Sales » (FMS) du gouvernement américain. Cet accord permet au Maroc d'accéder à des équipements militaires de pointe bénéficiant du soutien et de la maintenance des Etats-Unis. #MMF #ForumFARMAROC #Apache صور لبعض من 6 مروحيات أباتشي المغربية الأولى التي تم الانتهاء من تصنيعها منذ أكتوبر الماضي و التي سيتم تسليمها للمملكة لاحقا عبر رحلة بحرية pic.twitter.com/pYrRxj0qwd — Moroccan Military Forum (@FAR_MAROC) January 28, 2025 L'Apache AH-64E est un hélicoptère de combat multirôle, conçu pour les missions de reconnaissance armée, d'appui aérien rapproché et d'attaque contre des cibles au sol. Il est surnommé le « chasseur des chars » pour cette raison. Doté d'une avionique avancée, d'un radar de contrôle de tir et d'un armement sophistiqué, il offre une capacité d'engagement accrue dans des environnements hostiles. Un nouveau Bayraktar mais en plus puissant En début de semaine (4 février), « Far-Maroc » indique que l'entreprise Baykar a commencé la livraison de ses drone Bayraktar Akinci, le fleuron de l'armée de l'air turque. Après l'achat de 19 drones Bayraktar TB2 en 2021, les Forces royales air (FRA) ont entamé, aussitôt, les discussions avec les Turcs autour d'un modèle plus avancé technologiquement. En effet, Akinci est un drone de dernière génération aux caractéristiques impressionnantes. L'appareil dispose d'une autonomie de vol de 25 heures, d'une portée allant jusqu'à 7 500 kilomètres et peut transporter 1 500 kilos de charge utile. Lire aussi | Défense: Le Conseil des ministres approuve la création de 2 zones d'accélération industrielle Ce drone est capable de lancer des missiles guidés avec précision et à exécuter des frappes chirurgicales. Un véritable outil clé pour des opérations de surveillance, de reconnaissance et des attaques à longue portée dans des zones complexes. Un « Scorpion » chinois dans le viseur Le même jour, La Razon, journal réputé proche des milieux militaires en Espagne, croit savoir que les FAR envisagent l'acquisition du drone chinois TB-001, capable de transporter jusqu'à 1,5 million de munitions. Une information qui reste à vérifier. Connu sous le nom de « Scorpion à double queue », ce drone développé par la société chinoise Sichuan Tengden Sci-Tech Innovation Co. Ltd a une autonomie de vol de 40 heures et une altitude opérationnelle pouvant atteindre 10 000 mètres. D'une envergure de 18 mètres, d'une longueur de 8,8 mètres et d'une hauteur de 2,7 mètres, le TB-101 a une masse maximale au décollage de 1 950 kilogrammes et un rayon d'action maximal de 8 500 kilomètres. Le TB-001 est un drone de reconnaissance et d'attaque bimoteur à double queue. Il peut être dédié à des missions de sauvetage d'urgence, de patrouilles et de transport. Construit principalement en matériaux composites, le drone chinois peut transporter une variété de missiles légers pour des attaques au sol, telles que des véhicules légers et du personnel. Lire aussi | Défense: TATA va fabriquer son fameux véhicule de combat WhAP 8X8 au Maroc Le Maroc utilise déjà les drones chinois Wing Loong 1 et 2, déployées dans la zone Sud pour protéger les frontières nationales au Sahara. Plus performants que la première version, les Wing Loong-2 sont des drones de combat et de reconnaissance caractérisés par une altitude de croisière moyenne et une longue autonomie. En plus de pouvoir embarquer une douzaine de bombes ou de missiles téléguidés par laser, ils ont une autonomie de vol avoisinant les 20 heures. Décollage et atterrissage verticaux En 2021, le Maroc a scellé un partenariat avec la société israélienne BlueBird Aero Systems pour l'achat de matériel, mais aussi pour l'implémentation locale d'une unité de production. En vertu de cet accord, le constructeur devrait livrer 150 drones pour diverses missions militaires. Il s'agit de WanderB et ThunderB, des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux (VTOL) utilisés pour des missions de reconnaissance, de surveillance, de défense aérienne et d'urgence. Lire aussi | Le Maroc renforce sa défense : 40 missiles américains pour équiper ses F-16 Le WanderB VTOL n'a pas besoin de piste et se distingue par son faible niveau de bruit, grâce à ses moteurs électriques le rendent particulièrement adapté aux opérations discrètes. Il possède une autonomie de 2,5 heures et une portée de communication pouvant atteindre 50 kilomètres. Il a un poids maximal au décollage de 13 kilos, dont 5 sont attribués aux batteries et 1,5 au chargement utile, qui peut être équipé de caméras de jour ou de nuit. Quant au ThunderB, il est utilisé pour des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance à longue portée. Il est capable d'atteindre des cibles situées dans un rayon de 150 kilomètres, avec une autonomie de plus de 12 heures. D'après le journal français Le Monde, le Maroc envisage la production locale du drone SpyX, dans le cadre de cette collaboration. La version kamikaze de cet appareil a déjà fait ses preuves sur les champs de bataille, comme en Ukraine et dans le Haut-Karabakh. Ecosystème local en émergence Le Maroc ne veut plus demeurer un pur importateur d'équipements militaires. Il veut aller plus vite dans la concrétisation de la volonté de renforcer l'autonomie stratégique du Royaume et de soutenir le développement d'une industrie militaire, que ce soit à travers des partenariats avec des fabricants ou l'encouragement des initiatives locales. Lire aussi | ATLAS ISTAR, le drone militaire 100% marocain, réussit son 1er vol avec succès [Vidéo] C'est ainsi que la start-up Aerodrive Engineering Services (AES) a annoncé, le 11 octobre 2024, le succès du premier vol du drone militaire ATLAS ISTAR, conçu et fabriqué localement en vue de renforcer les capacités de surveillance et de collecte de renseignements des forces armées marocaines Moins d'une semaine plus tard, la société a signé une convention de financement avec le département de l'Industrie et la CGEM, en marge de la 2ème édition de la Journée nationale de l'industrie. L'objectif est de produire 1000 systèmes aériens sans pilote par an. Une arme de dissuasion très efficace Selon des données de l'Organisation militaire africaine, recueillies entre 2020 et 2023, le Maroc disposerait de 223 drones militaires, occupant la deuxième position dans le continent derrière l'Egypte avec 267 appareils. Les choses auraient bien évolué depuis la réalisation de ce recensement, qui ne semble pas aussi exhaustif. Il est clair que les Forces armées royales font des drones une composante essentielle du système défense nationale. L'expérience donne raison à cette orientation, comme cela a été démontré dans les récents conflits armés dans différentes parties du globe. Les drones, toutes tailles confondues, permettent des capacités indéniables en termes de surveillance des zones étendues et difficiles d'accès, de réduction des risques pour les éléments et d'optimisation des opérations militaires. C'est une arme de dissuasion très efficace pour la protection des frontières et la consécration de l'intégrité territoriale.