Les Aârchs, comités de villages kabyles, sont appelés aujourd'hui aux urnes pour élire leurs représentants à l'issue d'un scrutin partiel à haut risque. Est-ce la fin de la crise ? C'est aujourd'hui, jeudi 24 novembre, qu'auront lieu les élections partielles en Kabylie. Un scrutin qui devra permettre à cette région algérienne de sortir de sa crise aiguë. Une crise qui dure depuis des années. Le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, s'était engagé à mettre en œuvre l'ensemble des revendications des Aârchs (comités de villages kabyles), dont l'organisation de nouvelles élections locales dans toutes les communes les ayant boycottées en mai 2002. D'où ces municipales partielles. Il s'agit, en fait, d'un scrutin à haut risque pour le pouvoir algérien. Les Aârchs ne portent pas dans leurs cœurs les candidats des partis de l'alliance présidentielle, notamment ceux du FLN (Front de libération nationale). Ils sont loin de les accueillir à bras ouverts. Sur ce point, nul ne peut dire le contraire. Après les évènements qui ont secoué la Kabylie entre 2001 et 2004, cette région est devenue une véritable terre rebelle. Une terre qui échappe à tout contrôle. Les opérations musclées des autorités algériennes n'ont fait qu'empirer les choses. Aujourd'hui, en Kabylie c'est le rejet total de tout ce qui est en rapport avec le pouvoir. Pour s'en apercevoir, il suffit de rappeler le déplacement qu'avait effectué le président Bouteflika lors de sa campagne en faveur de son projet pour la réconciliation. Son discours, prononcé ce jour-là, avait suscité une grande colère des habitants. Plusieurs d'entre eux ont alors scandé des slogans hostiles au pouvoir central, du genre : pouvoir assassin, Ulac Smah Ulac (non au pardon). Conscients de ces difficultés, les partis de l'alliance présidentielle se sont fortement mobilisés. Ils ont investi en force le terrain pour mobiliser les électeurs afin de les inciter à voter massivement sur les listes de leurs candidats en course pour les locales partielles, témoigne le quotidien algérien “La Nouvelle République”. Reste à se demander si une telle mobilisation suffirait pour convaincre les Aârchs. La Kabylie est, en effet, connue pour être le fief traditionnel du plus vieux parti d'opposition, le Front des forces socialistes (FFS, parti de Hocine Aït Ahmed), et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, de Saïd Saâdi). Pas besoin d'être un expert en pronostics pour dire que l'opposition pourrait rafler la mise. Mais pour cela, il faut que le scrutin se fasse dans la transparence. Ce qui est peu probable. Le résultat du référendum sur la réconciliation nationale tenu récemment en Algérie est l'exemple parfait du dysfonctionnement de la machine démocratique algérienne. 97,36% de voix ont voté pour un projet si controversé qui a provoqué une vive polémique. Sans oublier le taux de participation qui était de 82,04%. C'est en Algérie et nulle part ailleurs. Si les partis au pouvoir sortent victorieux des élections partielles en Kabylie, cela risque de créer un véritable problème. En effet, si un tel scénario se produit, cela pourrait engendrer un retour en arrière. En un mot, le chaos. Surtout qu'actuellement, en Algérie, les émeutes se multiplient de jour en jour. Aucune région n'a été épargnée, même la capitale a eu sa part de violences. Ce scrutin marquera-t-il la fin de la crise politique en Kabylie ?…