Le gouvernement algérien a récemment annoncé la dissolution des assemblées locales de Kabylie. Une décision qui risque d'aggraver la crise politique que connaît cette région. Les assemblées locales de Kabylie, issues du scrutin controversé du 10 octobre 2002, période où la région a connu plusieurs troubles politiques, vont être dissoute, avait récemment annoncé le gouvernement algérien. Les trois partis de l'Alliance présidentielle ont tranché la question de la participation bien avant, rapporte El Watan. Selon le quotidien, Miloud Chorfi, porte-parole du RND, a estimé que le Conseil des ministres a pris une mesure sage, positive et logique qui permettra un retour à la stabilité et au calme dans cette région du pays et contribuera à la relance du développement local. Le MSP envisage d'asseoir, en concertation avec ses partenaires politiques, une stratégie électorale qui ira dans le sens de l'intérêt de la région, ajoute le quotidien. Le FLN adhère à la décision du Conseil des ministres. Le Parti des travailleurs, pour sa part, confirme sa participation. Cette décision, prise par le Conseil des ministres, découle de la mise en oeuvre des accords signés en janvier 2005 entre le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia et une délégation des Aârchs (comités de village kabyles). Ces derniers avaient été les fers de lance de la révolte entre 2001 et 2003. Outre la dissolution des assemblées locales, ces accords prévoient aussi l'officialisation du tamazight, langue parlée en Kabylie, un plan spécial pour le développement économique de la région ainsi que l'octroi du statut de martyr aux 126 manifestants tués par la police lors de la répression des émeutes. Pour le quotidien algérois l'Expression, la dissolution des assemblés ne fera que plonger la Kabylie dans un bouillonnement politique sans précédent. Selon le journal, c'est d'abord le fait que c'est le premier scrutin partiel qui va se tenir en Algérie et ce depuis son indépendance. C'est aussi parce que la dissolution découle d'une décision des pouvoirs publics, alors que le parti qui exerce le pouvoir à l'échelon local, en l'occurrence le Front des Forces socialistes (FFS) la rejette. «Nous refusons de partir, nous allons nous battre jusqu'au bout», avait déclaré la semaine dernière le Premier secrétaire de ce parti, Ammar Laskri, en dénonçant "le coup de force du pouvoir". Dans l'espoir de faire pression et de renouveler leur refus de la dissolution annoncée des Assemblées locales en Kabylie, des élus FFS au sein des APC et de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) ont manifesté lundi devant le siège de la wilaya de Béjaïa, a rapporté la presse algérienne. Ils étaient entre une centaine d'élus APC/APW du FFS et du FLN, rapporte le journal l'Expression. Venus des quatre coins de la Basse Kabylie, les élus du FFS soutenus pour l'occasion par leurs pairs du FLN et des militants de leur parti, ont scandé à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir en place avec des termes plus virulents à l'égard du chef du gouvernement et les délégués des Aârchis, accusés «d'agents de la division, de la dislocation de la Kabylie et de l'Algérie», ajoute le quotidien. En revanche, d'autres formations politiques, comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ou le Parti des Travailleurs (PT), ont exprimé leur intention de prendre part aux élections partielles. La crise de Kabylie, une région en dissidence permanente avec le pouvoir central, est née à la suite de l'assassinat d'un jeune lycéen le 18 avril 2001 par une brigade de gendarmerie. Cette bavure a mis le feu aux poudres dans cette région qui a vécu pendant trois ans dans l'engrenage des émeutes et de la répression. Le bilan s'élève à 126 morts et des centaines de blessés, sans compter les dégâts matériels qui se chiffrent en milliards de dinars.