Comme prévu, la situation en Kabylie a dominé les élections municipales qui viennent d'avoir lieu en Algérie. Les Aârouchs (comités de village) ont réussi à empêcher le déroulement du scrutin, ce qui était prévisible. Comme prévu, la situation en Kabylie a dominé les élections municipales qui viennent d'avoir lieu en Algérie. Les Aârouchs (comités de village) ont réussi à empêcher le déroulement du scrutin, ce qui était prévisible. Ce qui l'était moins par contre, c'est qu'une frange de l'administration et de la police a pris clairement le parti du boycott dans bon nombre de localités ce qui reflète les divisions existant au sommet de l'Etat algérien. La situation n'était guère brillante dans le reste du pays. Les Algériens, lassés par une avalanche de consultations électorales, qui n'ont jamais répondu à leurs aspirations, ont préféré rester chez eux: Le pouvoir citoyen, fort de ses assises populaires, dont il vient de démontrer l'importance à travers le boycott, a clairement signifié qu'il ne laisserait pas le pouvoir imposer aux Kabyles des assemblées illégitimes. Au lendemain de ce fiasco électoral, l'Algérie est entrée dans une nouvelle phase d'incertitude et de recherche d'un point d'équilibre, liée essentiellement à la ténacité de l'aspiration démocratique populaire. Décisives pour la paix civile proclamée, en vain, par Bouteflika, les municipales n'auraient jamais connu un tel boycott sans la lutte pour le pouvoir qui oppose l'armée à son président. Bien que résignés à accepter que le chef de l'Etat achève sa présidence, les généraux rejettent résolument la perspective d'un second mandat. Du coup, de hauts gradés s'évertuent à souffler sur les braises. Le conflit entre intérêts contradictoires au sein de la classe politique algérienne est ainsi transposé dans la population. Faute de pouvoir bénéficier d'un rapport de force avantageux, on préfère encourager le désordre avec l'espoir d'affaiblir le camp adverse, sans se soucier des impondérables susceptibles d'entraîner tout le monde dans une descente aux enfers aux conséquences incalculables. Cette approche génère une situation lourde de périls pour l'ensemble de l'Algérie. Les municipales l'ont démontré, car voilà qu'une consultation électorale que relève de l'exercice banal de la démocratie prend des tournures totalement opposées aux fondements même de cette démocratie. Le pouvoir algérien donne aujourd'hui l'image d'un ensemble hétérogène imposé à un peuple qui ne sait plus s'exprimer que par la violence. Bouteflika réclame la légitimité des urnes, alors que l'armée revendique une légitimité historique. Entre les deux, les Algériens jettent leur colère dans la balance, essaient de résister avec l'espoir que leurs sacrifices seraient un jour récompensés.