Prévues pour le 30 mai, les législatives paraissent désormais très incertaines. Le retrait du Front des Forces Socialistes (FFS) a donné le coup de grâce à ce qui était déjà un pari hypothétique, durement ébranlé par les nombreuses «défections». Le FFS est le deuxième parti à refuser de participer à ce scrutin. Deux semaines auparavant, l'autre formation bien implantée en Kabylie, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), avait opté pour le boycott des législatives, accusant le gouvernement de vouloir truquer le scrutin. Selon la presse algérienne, ces élections sont sur le point d'être reportées. Le quotidien «Le Matin» écrit dimanche que «sans les partis démocrates, sans la Kabylie, sans une participation acceptable des électeurs algériens, les élections ont perdu leur sens et sont sur le point d'être reportées». Et d'ajouter que l'organisation des élections ne semble plus à l'ordre du jour depuis que le Front des forces socialistes (FFS) a décidé de rejoindre le camp frondeur, constitué essentiellement de partis et de personnalités d'opposition. Parmi les partisans de la tenue des élections «dans les délais», il ne reste que le Pouvoir et «les partis, dont les islamistes légaux, qui lui sont inféodés». Le journal ajoute qu'en plus du pôle politique qui se cristallise autour du refus de ces élections, le mouvement citoyen en Kabylie continue de s'opposer à tout scrutin avant la satisfaction pleine et entière de sa plate-forme de revendications. La tension est encore montée d'un cran la semaine dernière dans les provinces kabyles de Tizi-Ouzou et de Bejaïa, à l'est d'Alger, à la suite de l'arrestation de dizaines de militants berbères accusés de troubler l'ordre public. Des journaux indépendants ont signalé samedi des affrontements avec les forces de l'ordre survenus mercredi en Kabylie, qui ont fait deux morts et de nombreux blessés parmi les manifestants. Le pouvoir devrait trancher dans les jours à venir pour le report des élections ou le maintien de son calendrier électoral et tenir le scrutin sans la participation d'une région du pays et sans la caution d'aucun parti d'opposition. Contrairement à une élection partielle où un vide juridique est constaté, la Constitution algérienne prévoit l'éventualité d'un report ou d'une annulation des élections. Mais cette éventualité est conditionnée, selon la Constitution, par une situation exceptionnelle rendant impossible la tenue de l'élection. C'est sur consultation du Conseil de sécurité et des deux Chambres parlementaires que le président de la République pourra, selon la loi fondamentale, décider du report des élections. Cette solution ne semble pas une fin en soi pour le front anti-élections constitué notamment de partis et personnalités ayant exigé le départ du chef de l'Etat et la nécessité de faire passer le pays par une «étape transitoire». Pour l'ancien Premier ministre Sid Ahmed Ghozali, la position du RCD et celle du FFS de ne pas aller aux élections législatives ne modifient en rien la situation actuelle. Dans une interview au «Matin», il souligne que «le pays n'a jamais été aussi menacé de dislocation que maintenant». Le pouvoir qui n'a aucune légitimité ne semble pas mesurer la gravité de la situation. Il faut d'abord expliquer aux Algériens le danger qu'il y aurait à aller à la mascarade ou à entendre ceux qui tentent de les monter les uns contre les autres. Et d'affirmer qu'il faut « aller vers un changement radical avec la tenue d'élections réelles à tous les niveaux. Et d'abord, celle du Président de la République. Aujourd'hui, a-t-il ajouté, il est établi qu'on ne peut conduire un pays si on est désigné. Seul un Président élu par les Algériens peut faire sortir le pays de cette crise.