Algérie. Après l'appel au boycott lancé par la coordination kabyle, la défection du RCD et du FFS, deux autres partis, l'ANR et le PT, ont à leur tour rejeté dimanche la tenue des prochaines législatives en mai. Si dimanche, lors de sa conférence de presse organisée à Alger, le Parti des Travailleurs (PT) n'a pas parlé de boycott, il a tout de même demandé le report des élections législatives, toujours prévues le 30 mai. La dirigeante du mouvement, Louisa Hanoune, a précisé que « si le PT doit participer à ce scrutin, il le fera avec la Kabylie, sinon il ne participera pas, qu'on soit clair ». Dans son édition de lundi, le quotidien Liberté souligne que le PT a pris cette décision « à la lumière des développements dangereux survenus en Kabylie où on a semé la terreur ». Le son de cloche est d'ailleurs le même du côté de l'Alliance nationale républicaine (ANR), dont le leader Rédha Malek a lui aussi indiqué dimanche que la situation en Kabylie était «inquiétante». Réuni ce même jour, le conseil national du parti a – tout comme le PT – plaidé pour un report des élections, justifiant sa position par « la tension qui règne en Kabylie depuis maintenant une année ». Deux nouveaux partis ont donc officiellement rejoint dimanche le groupe des mouvements hostiles au respect du calendrier électoral, après le Front des Forces Socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD). Vendredi, Ahmed Djeddaï, responsable du FFS, avait appelé les citoyens à une « dissidence pacifique». Lundi, le quotidien Le Matin rappelle aussi que «le RCD est le premier parti à s'être exprimé sur la question ; il l'a fait il y a près de quinze jours, justifiant sa position par son refus de cautionner une telle démarche en raison des conditions qui prévalent dans le pays. En Kabylie en particulier, mais également dans de nombreuses wilayas fréquemment secouées par des émeutes depuis près d'une année». Si ce front du refus touche actuellement toutes les tendances politiques algériennes, les factions islamistes semblent observer une certaine veille. Le Matin note ainsi que « rien n'a été tranché pour l'instant (…) du côté du parti de Mahfoud Nahnah et celui de Djaballa » (Mouvement pour le Renouveau national – MRN). Le quotidien ajoute que «tout laisse cependant supposer que Djaballah viendra grossir le rang des partisans du rejet du scrutin». Tendance contestataire qui gagne aussi, selon le journal, le MSP (Mouvement pour la société et la paix). « Le calcul est simple : le FLN, le RND et Nahda sont aujourd'hui les seuls partis à continuer à soutenir le processus électoral ». Généralisé à la classe politique, le mouvement contestataire «citoyen» est quant à lui loin de s'affaiblir. La Ligue Algérienne des Droits de l'Homme (LADDH) a même demandé dimanche le départ du ministre de l'intérieur, Yazid Zerhouni, considéré comme « responsable des événements de Kabylie». Le président de l'association a ajouté qu'il comptait informer «le monde entier et en particulier les ONG internationales, et la commission des droits de l'homme de l'ONU, de l'ampleur de la répression des services de sécurité qui ont tiré sur la foule», faisant trois morts et de nombreux blessés. Des violences qui n'empêchent cependant pas les Kabyles de continuer leur mouvement de protestation lancé le 12 mars dernier. Ce lundi, le deuxième jour de grève générale lancée par les délégués Aârouch semblait bien suivi dans toutes les régions kabyles. Le redéploiement des brigades de gendarmes continuait aussi - à Bouzeguène (Tizi Ouzou) et à El Kseur (Béjaïa) notamment - malgré la tension toujours vive sur le terrain.