Le pouvoir algérien clame haut et fort que les élections législatives auront bien lieu le 30 mai prochain, comme prévu… Après le vote lundi par le Parlement algérien de la consécration de tamazight en tant que langue nationale (voir article ci-dessous), le pouvoir espère ramener le calme en Kabylie pour la tenue des élections législatives du 30 mai prochain. Le Premier ministre Ali Benflis a déclaré à la presse que : «Les élections législatives sont maintenues au 30 mai 2002. Les formations politiques qui demandent leur report sont libres de formuler leur point de vue». Ce faisant, il s'est défendu d'avoir des «calculs politiciens» liés à l'amendement constitutionnel, bien qu'il ait émis l'espoir que «cet événement historique trouve un écho chez nos frères dans la région de la Kabylie pour que le calme revienne dans les quatre coins du pays.» Ali Benflis s'est dit toujours «disponible au dialogue» afin de désamorcer la crise en Kabylie. Une crise qu'il juge «critique». Selon le quotidien algérien «Le Matin», le Premier ministre n'a pas donné l'impression d'être perturbé par le boycott du RCD, l'appel à la dissidence citoyenne pacifique du FFS et la demande de report des législatives du PT et de l'Alliance nationale républicaine (ANR). Il a préféré encenser les partis de la coalition au gouvernement. Abondant dans le même sens, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), et ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, a affirmé lundi, à l'occasion de la réunion des deux chambres du Parlement, que les législatives doivent se tenir dans les délais. A une question relative à la non-participation du Front des FFS et du RCD et à la crise en Kabylie, Ahmed Ouyahia dira : «Chacun doit assumer ses responsabilités. Qu'est-ce que la crise de la Kabylie ? Si vous parlez du million et demi d'habitants de Tizi Ouzou et du million de Béjaïa et les quelques dizaines de milliers qui s'adonnent à la casse ce ne sont pas là tous les Algériens.» Le même ton est affiché par le MSP. Le vice-président du groupe parlementaire du MSP, Abderrazak Mokri, a affirmé que son parti est pour le principe de la participation à condition que le pouvoir donne des garanties sur la régularité du scrutin. Quant aux autres formations de l'opposition, notamment le FFS et le RCD, le Premier ministre leur manifestera, dans son discours, tout son «respect» malgré, dira-t-il, «les différences qui nous opposent». Pour sa part, l'ancien Premier ministre Sid-Ahmed Ghozali, a déclaré au «Jeune Indépendant» que «le meilleur moyen de faire avancer un processus démocratique n'est pas de tenir des élections truquées d'avance». Actuellement président du Front démocratique, parti n'ayant pas encore reçu son agrément, Ghozali considère que l'Etat «a très mal géré la crise en Kabylie au point qu'il y a lieu de se demander s'il n'est pas trop tard pour trouver une solution». Et, à cet effet, il a estimé que les grands problèmes d'aujourd'hui que sont la pauvreté, le chômage, les inégalités sociales, l'eau, l'éducation, sont éclipsés par «la politique politicienne».