Alors que le président Bouteflika est actuellement en visite « de travail » à Oran (Est), les émeutes gagnent toutes les régions kabyles et les grèves s'organisent en vue d'une deuxième semaine de contestation. Des dizaines de personnes ont encore été blessées dimanche dans de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de sécurité en Kabylie, théâtre de violentes émeutes depuis le discours adréssé à la Nation par Abdelaziz Bouteflika le 12 mars dernier. Le président algérien avait alors annoncé la reconnaissance du tamazight comme langue nationale, l'indemnisation des victimes des émeutes et les sanctions contre des gendarmes coupables d'abus. Mais ces mesures n'ont pas suffit à calmer la coordination des Aârouch qui continuent depuis, leur campagne de rejet des prochaines élections législatives du 30 mai. Au centre de la contestation actuelle : le départ des gendarmes – accusés de corruption, d'abus d'autorité et de répression dans le sang des émeutes du printemps «noir» (avril 2001) – en Kabylie. Ce que M. Bouteflika a clairement qualifié lors de son discours d'«inconcevable, alors que le pays continue de lutter contre la barbarie terroriste». Comme la semaine dernière, les affrontements ont donc continué dimanche et lundi un peu partout, et notamment à El-Kseur – commune où a été élaborée la plate-forme de revendication kabyle -, à Sidi-Aïch et Seddouk, dans la région de Béjaïa, en petite Kabylie (260 km à l'Est d'Alger). Une centaine de manifestants y ont d'ailleurs été blessés, dont un grièvement, selon la presse de ce lundi. La recette des impôts de Seddouk a par ailleurs été incendiée dimanche soir, le siège de la Sonelgaz incendié et les lots d'urnes brûlés, comme à Timizart et d'autres communes. Les violences ont aussi fait plusieurs blessés dans des communes proches de Tizi-Ouzou, en grande Kabylie (110 km à l'Est d'Alger). Deux manifestants ont ainsi été grièvement touchés par les forces de sécurité à Bouzeghène. Lundi, la coordination de la commune de Tigzirt a quant à elle organisé une marche ainsi qu'une grève générale tandis que ces mêmes mouvements se sont étendus à Tizi-Ouzou même. Après les travailleurs communaux, les hospitaliers et les agents de la Sonelgaz sont en effet entrés en grève ce dimanche. A moins de deux mois des législatives et dans un climat de sévère contestation, le président algérien continue quant à lui sa tournée dans l'Ouest algérien, entamée la semaine dernière. Alors qu'ils attendaient le chef du gouvernement Ali Benflis, les Oranais ont même eu droit dimanche à une arrivée surprise d'Abdelaziz Bouteflika pour une «visite de travail et d'inspection» qui suscite de nombreuses interrogations. C'est «une façon de fuir la pression du centre du pays et de tester sa cote de popularité» commentait ce lundi Le Matin. La Tribune a quant à elle profité de l'occasion pour revenir sur la dernière visite du président algérien dans la ville. Un souvenir «toujours vivace», notamment lors de «sa fameuse altercation verbale avec un enseignant syndicaliste du CNES, à propos de l'attribution de logements F1 à des enseignants universitaires». D'autres, comme El Watan, pensaient ce lundi que le président allait profiter d'un meeting prévu ce lundi pour conforter son discours du 12 mars dernier…