Dimanche lors de la présentation de son programme aux députés, le chef du gouvernement algérien a appelé les Kabyles au dialogue «ouvert» et affiché sa détermination à éradiquer le terrorisme. Les déclarations d'Ali Benflis concernant le dossier kabyle et celui du «terrorisme» étaient pour le moins attendues dimanche. Si le second n'inspirait que pessimisme dans les colonnes de la presse algérienne, pour le premier, les spéculations allaient bon train samedi quant à la position des représentants kabyles. Comme prévu, le premier ministre a de nouveau appelé dimanche le mouvement citoyen et les délégués Aârouchs à entamer «un dialogue ouvert qui examine, sans préalable, tous les points soulevés». Autrement dit les revendications rassemblées dans la plate-forme d'El-Kseur (conçue en juin 2001) et les problèmes évoqués depuis les émeutes de mars dernier. Ali Benflis a d'ailleurs précisé dimanche, devant les députés de l'Assemblée populaire nationale que «le dialogue est l'unique voie à même de trouver une solution définitive a la crise». Une crise qui, même si elle est passée au second plan avec la relance des massacres perpétrés par les groupes islamistes, est restée latente depuis les premières manifestations du 13 mars dernier, au lendemain du discours présidentiel. M. Bouteflika, voulant apaiser les tensions, avait annoncé l'entrée de Tamazight dans la Constitution algérienne, et décidé le redéploiement des gendarmes dans la région. S'en étaient suivies de multiples émeutes amplifiées par l'approche du scrutin législatif, la formation d'un front « anti-vote » et finalement une très forte abstention le jour du vote, le 30 mai. Lors du remaniement de son gouvernement, fort de la victoire électorale de son parti le FLN (Front de libération nationale), Ali Benflis avait une première fois invité les Kabyles au dialogue. En vain. Le nouvel appel de dimanche sera-t-il entendu ? Selon Le Matin, la Kabylie a refusé le plan avant même qu'il ne soit annoncé. «Vu de Kabylie, le programme (…) est déjà compromis», expliquait samedi le quotidien ajoutant que «Ali Benflis dispose d'une semaine pour réfléchir à déjouer ce piège». Les Aârouchs de la principale ville de la région, Tizi-Ouzou, avaient en effet réclamé vendredi le «rejet» des prochaines élections locales, prévues le 10 octobre prochain, et pour lesquelles le chef du gouvernement a souhaité «la participation de tous les partis ». Selon la presse, cette coordination a également prévu une marche le 25 juillet et une grève générale dans la région pour «exiger la libération des détenus» arrêtés lors des récentes manifestations. Dimanche, le premier ministre entendait également convaincre les députés concernant son programme de lutte contre les groupes islamistes. Si M. Benflis a souligné « la détermination des autorités publiques à combattre le terrorisme jusqu'a son éradication, en dotant les forces de l'ordre de tous moyens nécessaires», les violences sont désormais quotidiennes – une centaine de morts ce mois de juillet - et les prises de «terroristes» très minimes. Au point que des responsables de l'armée et des services sécuritaires ont récemment mis en cause le manque de stratégie des autorités, et, pire, la politique de concorde civile mise en place par le président Bouteflika. Dimanche, Ali Benflis s'est fixé pour objectif «la consécration de la sécurité et de la paix», tant au niveau des groupes armés qu'à celui de la crise kabyle, pour permettre la relance du développement national. «L'impossible programme» rétorquait la presse.