J'en suis un adepte depuis très longtemps, mais ces derniers jours en ont été pour moi une nouvelle preuve éclatante. Je suis en effet persuadé depuis toujours que l'une des réponses à nos maux réside dans ces deux mots : la proximité et le terrain. Ce n'est pas seulement un remède -et hélas un manque cruel- propre à notre pays, je pense que cela s'applique à la majorité des sociétés. Les citoyens sont prêts à supporter bien des choses, sont prêts à bien des sacrifices, si...on leur parle, si on leur explique les choses, si l'on prend la peine de s'adresser à eux, si on s'efforce d'aller à leur rencontre. Je crois que ce que déteste le plus le Marocain c'est le fait d'appliquer, de décider des mesures sans un mot pour en expliquer les causes et les conséquences, il vit cela comme une forme de mépris ! La réussite du mouvement associatif de terrain réside dans cette proximité avec la population, cette adéquation entre les militants et les habitants, cette symbiose entre actions, besoins, explications, résultats. À l'inverse, ce qui explique le manque de compréhension entre élus et citoyens est précisément l'absence de communication, cette impression qu'une frontière infranchissable sépare les uns des autres -cela est vrai particulièrement dans les grandes villes : où voyons-nous des maires, des conseillers, des présidents de Conseils régionaux -ou autres- arpenter les rues de nos quartiers, organiser des réunions dans les écoles, des comptesrendus de mandats, où ils expliqueraient leurs décisions, écouteraient les doléances, se rendraient compte par eux-mêmes de l'état des rues, des services publics, etc. ? Une fois tous les 5 ans au moment des élections ! Mardi dernier était le jour de l'été, jour devenu Fête internationale de la musique. Au Maroc comme partout ailleurs la Covid a interrompu cette belle initiative culturelle durant 2 ans, cette date était donc particulièrement attendue, par la population en général et par la jeunesse en particulier. De nombreuses villes avaient choisi d'organiser des concerts sur de grandes places et il faut s'en féliciter car partout le public était présent et l'occasion était belle pour les artistes de renouer enfin avec leurs fans. Des associations de jeunes -se regroupant au sein du ''Rez'o' pour mener des activités en commun à travers le Royaume- avaient choisi de célébrer la musique sous une forme différente, justement sous le prisme de la proximité, pour renouer avec la tradition du quartier, de la fête ''chez soi'' : pour cela ils avaient initié le concept des ''Terrasses en Scènes'' et en effet quel plus fort symbole de proximité dans notre culture populaire que le café. Même si malheureusement, dans nombre d'endroits (et même si les choses évoluent), le café reste bien souvent un lieu uniquement masculin. Eh bien il faut reconnaître que ces ''terrasses en scènes'' ont connu un immense succès, partout, à Oujda, à Marrakech, à Essaouira, à Fès, à Rabat, à Casablanca, à Meknès... elles ont fait le plein : de nombreux jeunes bien sûr (garçons et filles) mais aussi beaucoup d'adultes, notamment des voisins de ces cafés sortis de chez eux dès les premières notes de musique, pour eux aussi se joindre à la fête. Deux remarques sont revenues comme un leitmotiv partout : le bonheur de pouvoir faire la fête à proximité de chez soi, notamment lorsqu'il s'agissait de familles et l'envie de voir cette initiative se reproduire souvent. Sincèrement j'ai été vraiment conforté dans ma conviction que la proximité et le terrain sont véritablement ce qu'attendent – ce dont ont besoin nos compatriotes – et ce qui est vrai sur la plan culturel est à appliquer à bien d'autres domaines. Aller vers les citoyens, organiser des choses dans leur propre environnement, se déplacer chez eux est vécu avec fierté, avec honneur... La proximité, le terrain Ce seul endroit où l'on se sent soi, où l'on se sent utile, directement sans barrages, sans frontières, sans apriori. L'endroit où l'on doit être vrai, où les apparences, les promesses non tenues, le baratin… ne peuvent faire longtemps illusion. Là où l'on vit, où l'on vibre, et tente de changer – pour la rendre plus belle- la réalité !