La «démission» de Badou Zaki remet de nouveau sur le tapis la question de la gestion du football national. Le président de l'Amicale des entraîneurs marocains, Abdelkhalek Louzani, nous livre son analyse. Interview. ALM : Badou Zaki est censé être membre de l'Amicale des entraîneurs marocains que vous présidez. Est-ce que vous l'avez soutenu ? Abdelkhalek Louzani : On soutient tout entraîneur compétent, marocain ou étranger, membre ou non membre de notre Amicale. Mais ce n'est pas là le problème, ce que je regrette vraiment, c'est la nature du débat sur cette affaire. Au lieu que ce soit un débat technique et intelligent, on a assisté à un débat passionnel. Car, qu'un entraîneur vienne ou parte, c'est devenu une règle dans le football marocain. Est-ce un problème qu'un étranger vienne entraîner l'équipe nationale ? Il y a un manque de confiance entre les dirigeants du sport en général et le cadre national. A ceci, s'ajoutent les mauvaises expériences qu'on a eues. A chaque fois qu'il y a quelqu'un qui a réussi dans l'administration, dans une société commerciale ou dans une activité autre que le football, on lui confie la gestion du football. Le football est un métier à part entière, il faut certaines compétences pour le gérer, l'orienter et le piloter. Si on voit que dans les pays où il y a une culture et une tradition footballistiques, les présidents, eux aussi, sont professionnels, cela n'est pas le cas dans notre pays où la gestion et l'orientation du football national restent problématiques. Sommes-nous prêts à affronter la Côte-d'Ivoire le 21 janvier 2006 en Egypte, alors que nous sommes encore sans entraîneur? Une équipe sans entraîneur, qui cherche encore le profil d'un entraîneur préalable pour encadrer une équipe nationale pour un tournoi tel que la CAF et de surcroît, ses joueurs sont tous professionnels évoluant à l'étranger et attendent des journées à la FIFA pour que leurs clubs les cèdent pour la préparation, je pense que cette équipe n'aura pas suffisamment de temps pour une préparation rentable et maîtrisable. Et c'est cela les conséquences d'un développement endogène avec un développement exogène parce qu'on n'a pas eu la visibilité de préparer une équipe nationale sortant d'un championnat national parallèle avec cette équipe basée uniquement sur des professionnels domiciliés hors du pays. Le football marocain a du mal à sortir de la crise. Pourquoi, à votre avis ? Trop souvent, on se focalise sur l'équipe nationale et on délaisse le championnat national qui doit être géré au quotidien et être vendu à des sponsors comme certains de ses homologues africains. Il faut qu'on pense à un football de rentabilité et non pas à un football de consommation. Par exemple, il y a des gens qui remuent ciel et terre pour être présidents de leurs clubs. Et dès qu'ils le deviennent, la première chose qu'ils font c'est de demander du soutien. Que pensez-vous du plan gouvernemental pour la mise à niveau du football national ? La décision de l'Etat tout seul n'est pas suffisante, il faut des entraîneurs responsables et capables de sortir le football national de ses difficultés. Quand on voit un football national où il n'y a que 25.000 licenciés sur 30 millions d'habitants, il y a de quoi se poser des questions. Le Timor oriental, qui vient d'adhérer à la FIFA, est fort de 48.000 licenciés sur 800.000 habitants. En clair, au lieu de diminuer le nombre de clubs en première division, il faut les augmenter pour augmenter aussi les adhésions du football. Et cela doit concerner non seulement la première mais toutes les divisions et autres ligues.