Le 25 juin 2003, «Le Constanta», un navire de guerre battant pavillon roumain, embarquait une centaine d'artistes, écrivains et journalistes pour une croisière à travers plusieurs pays méditerranéens. ALM a été de ce fantastique périple, il veut bien le partager avec ses lecteurs. En reconstituant ce périple, il vous invite à découvrir les mystères que recèlent les deux rives de la mare nostrum. Point de départ : Mostaganem (Algérie). Un sentiment étrange régnait sur le «Constanta» à la veille de son arrivée à Mostaganem, le 27 juin 2003, à 20 heures. Les passagers, originaires des rives nord et sud de la Méditerranée, étaient visiblement confus. Ils savaient, on le sentait, que la folle équipée de l'Algérie n'était pas sans danger. Une réunion urgente est convoquée à bord, par Richard Martin, instigateur du périple. En bon samaritain, le vice-président de l'Institut international du théâtre méditerranéen (IITM) a tenu à rassurer le commun des passagers. Cet homme de cœur, ami de longue date de Léo Ferré, a tenu également à distribuer quelques consignes : rester ensemble et éviter les lieux de grande fréquentation, une fois arrivé à Mostaganem. Nous y voilà. A l'heure où le soleil s'apprêtait à s'abîmer dans le large, le « Constanta » venait de larguer les amarres. A quai, il n'y avait pas de traces de civils. Seulement des hommes en kaki, bardés de kalachnikovs. L'Algérie était bel et bien en guerre… civile ! Mais que les hommes en uniforme veulent bien se rassurer, le « Constanta » ne portait pas d'armes à son bord. Navire de guerre, il a été détourné en instrument de paix, avec l'accord bien entendu de l'état-major des Forces navales roumaines. C'est avec des branches d'oliviers que les activistes de la paix méditerranéens étaient allés voir des frères algériens meurtris par tant d'années de violences. Preuve de solidarité, ces pacifistes devaient faire don de plusieurs aides, en espèces et en nature, à la population de Boumerdes alors secouée par un tragique tremblement de terre. Les pacifistes, motivés par une volonté de solidarité, devaient être accueillis à bras ouverts. Or, cela, à la stupéfaction générale, n'a pas été le cas. Au lendemain de notre débarquement, un quotidien algérien qu'on ne nomme pas pondra une page entière où il n'y eut pas un seul mot de vrai, tant l'intox avait fait fureur. « Comment ose-t-on nous traiter d'espions, voire de pestiférés, alors que nous sommes venus témoigner de notre solidarité avec le peuple algérien ? », s'interrogea Richard Martin, l'air désemparé. Mais patience, il fallait d'abord chercher à comprendre. Plus tard, on devinera pourquoi Omar Fetmouch, responsable de la section algérienne de l'IITM, sera interdit de se porter à l'accueil de ses collègues à leur arrivée au port de Mostaganem. Pourquoi il sera obligé, avec une centaine de Mostaganémois, d'assister au débarquement de derrière les barbelés du port. « Les passagers du Constanta avaient été déclarés non désirables en Algérie par les autorités algériennes», nous a fait signifier M. Fetmouch, via son téléphone portable. La détermination des pacifistes était à l'épreuve, la bataille ne devait que commencer…