Le 25 juin 2003, le « Constanta », un navire de guerre battant pavillon roumain, embarquait une centaine d'artistes, écrivains et journalistes pour une croisière à travers plusieurs pays méditerranéens. Objectif : délivrer, de port en port, un message de paix. ALM a été de ce périple, il veut bien le partager avec ses lecteurs. Récapitulons : accueil massif et chaleureux à l'arrivée du « Constanta» au port d'Agrigente, dynamisme des différents acteurs de la société civile sicilienne, beauté mythique de Syracuse, élégance et savoir-être de sa population… Ce sont là quelques traits qui avaient fort impressionné les pacifistes à leur escale dans cette région du sud de l'Italie, seconde étape européenne, après Malte, du périple méditerranéen du « Constanta ». Le 13 juillet au soir, le destroyer leva les amarres. Destination : Kotor, Monténégro. Nous fûmes encore loin des eaux de l'Adriatique. Chemin faisant, il se passa à bord des choses exceptionnelles. D'une escale à l'autre, une intense activité s'organise à bord. A 7 heures du matin, les pacifistes sont réveillés à coups… de trompette. Gare aux lève-tard, ils risquaient de louper leur rendez-vous, d'une part, avec une belle douche à l'eau chaude et, de l'autre, avec un petit déjeuner servi par un spécialiste de la cuisine roumaine qui, au fil des expéditions, semble avoir pris de la bouteille. Fini le petit repas du matin, les pacifistes vaquaient, chacun, à des occupations différentes. Mais avant de se disperser à travers les couloirs sinueux du destroyer, tout le monde devait de se pointer devant une sorte de «Journal de bord ». Chacun devait passer en revue les articles de presse les plus récents. Dans le lot, on peut lire dans « Il Giornale del Sicilia », un organe local de la presse sicilienne, un article intitulé « La Festa del Mediterraneo » (la Fête de la Méditerranée). Un come-back, en mots et en images, sur notre escale à Syracuse. Avec «Il Giornale del Sicilia », « La Sicilia», « La Gazetta del Sud », entre autres organes de la presse sicilienne, ont fait des articles élogieux sur la croisière des pacifistes. Richard Martin, artisan de cette belle aventure, fut touché par ces marques de sympathie. Le soir, il invita tous les pacifistes, militaires roumains compris, à une grande fête organisée sur l'héliport du « Constanta ». A 20 heures, l'héliport, avec les invités, était paré de ses plus beaux atours. Le « Constanta » fut illuminé de guirlandes ; à bord, des tables furent installées ; sur une petite estrade, des instrumentistes prirent place. Que fallait encore demander ? Que la fête commence ! C'était parti pour une nuit blanche ! Le « Constanta » eut l'air d'un petit village méditerranéen navigant. Une véritable tour de Babel. Côte-à-côte, on aperçut des Italiens, des Espagnols, des Français, des Monténégrins, des Grecs et autres… Pour ceux qui ne connaissaient pas les langues des uns et des autres, pas de problème : la musique, dit-on, et pas vraiment à tort, est un langage universel. Au milieu de l'héliport, des cadets de la Marine ouvrent le bal par une partie de danse dans le pur style du folklore roumain. Et puis, voilà que tout le monde épouse la cadence. Après la ronde de nos amis roumains, ce fut au tour des Espagnols de servir du Flamenco. Et ainsi de suite… Le lendemain, on se réveilla certes les jambes lourdes, mais le cœur léger. L'escale Kotor-Monténégro était à portée de regard. A 16 heures, le « Constanta » fut bel et bien dans l'Adriatique. Il dut slalomer entre les magnifiques montagnes encadrant ce tapis bleu, ralentissant parfois comme pour permettre, aux pacifistes accourus vers la proue, d'apprécier une nature d'une beauté incomparable. Au calme de l'Adriatique, se conjuguait la magie de ces hauteurs qui s'étendaient à perte de vue, ces routes qui dévalaient comme des cascades du haut des cimes… A quai, nos amis du Monténégro devaient préparer une grande fête. Bogdan, originaire de Kotor, dit aux pacifistes à bord : «Welcome to my city »…