Les négociations pour l'attribution du second terminal de Tanger-Med démarrent le 30 juin. Deux forces sont en présence. D'un côté, la Comanav, emmenée par CMA-CGEM, MSC et Eurogate. De l'autre, IMTC et le géant chinois, Hutchinson. Etat des lieux. C'est demain, 30 juin 2005, que débuteront les négociations pour l'attribution du second terminal de Tanger-Med. L'enjeu est de taille pour les deux consortiums encore en lice. D'un côté, le groupement comprenant la Comanav, le français CMA-CGEM, le Suisse MSC et le germano-italien Eurogate-Contship, lequel revendique la position de deuxième manutentionnaire du monde. En face, il y a l'alliance entre le Marocain IMTC et Hutchinson Port Handling, un manutentionnaire qui ne manque pas d'arguments. Pour l'Etat marocain et l'agence Tanger-Med, jusque-là correcte sur les délais, et transparente dans le traitement des dossiers (chose rare dans le maritime), l'intérêt réside, comme ce fut le cas lors de l'attribution du premier terminal, dans la panacée à trouver entre un profil capable de s'acquitter des redevances au prix fort, d'assurer le volume de trafic le plus important et, d'autre part, pouvant drainer le plus d'armateurs. Pour les experts, éclater la concession entre plusieurs partenaires est une garantie supplémentaire pour la concurrence et le risque de collusions tarifaires. Avec comme partenaire le multi-user Hutchinson, mondialement connu, l'IMTC semble avoir tiré les leçons de la première phase pour l'attribution du premier terminal, quand elle s'était associée avec un opérateur français. Le dossier n'avait pas été retenu à cause d'un volume de transbordement, jugé insuffisant. Critère qui n'effraye pas Hutchinson. La soumission commune entre ce géant chinois et la société marocaine permet a priori d'avoir «un opérateur capable de travailler sur l'ensemble des lignes maritimes, sans exclusivité pour l'une au détriment des autres». C'est ce que déclare le commandant Mohamed Karia, président d'IMTC. Côté chiffres, Hutchinson, basé dans la ville chinoise de Whanpoa, manipule 50 millions de conteneurs par an et gère 48 terminaux dans le monde, en plus de 15 plates-formes programmées en général dans le bassin méditerranéen. Impressionnant. Sur les cinq ans à venir, l'entreprise compte investir 1 milliard de dollars. Ce qui vaut à ce groupe d'être sollicité par un certain nombre de pays de la région, notamment l'Egypte (2 terminaux en construction), l'Algérie et la Tunisie. Le holding Hutchinson réalise un chiffre d'affaires de 168 milliards de dollars dans ses différents secteurs d'activité, à savoir l'hôtellerie, l'énergie, la téléphonie et des participations dans diverses activités liées au maritime. Très au fait de ses chiffres, M. Karia dit rester serein. «Tout cela ne doit pas nous gonfler la tête. Que le meilleur gagne», lâche-t-il, sans plus de commentaire. Et d'ajouter : «Pourvu que le groupement retenu puisse développer cette zone sur laquelle mise énormèment SM le Roi pour réussir le décollage économique du nord du pays». Même sérénité en face. A la Comanav aussi, la date du 30 juin est suivie avec intérêt. Celle de septembre (désignation finale du vainqueur), encore plus, au regard des dernières acquisitions. «Nous sommes dans un consortium complet», résume un responsable proche de la direction qui rappelle la puissance opérationnelle d'Eurogate et de MSC. Confidentialité oblige, nous n'avons pas eu accès aux informations sur les schémas de montage des entreprises marocaines dans ces deux consortiums. Rappelons que Tanger-Med mise sur 150 000 emplois. Objectif qui dépasse de loin le seul métier du transbordement. «Pour atteindre ce but, il faut, avance un spécialiste des ports, élargir vraiment l'activité de Tanger-Med, en développant la zone franche, en créant et en développant des sociétés logistiques. Du choix forcément cornélien qu'aura à faire l'agence TMSA entre ces deux candidats dépendra le futur de Tanger-Med, port de transbordement déterminé à attirer 30% du trafic de conteneurs entre l'Asie et l'Amérique et à destination de l'Europe.