L'appel est lancé lors d'un webinaire initié par l'Institut CDG Il est plus que jamais temps de repenser l'économie circulaire. L'idée ressort du débat lancé lors d'un webinaire initié mardi par l'Institut CDG pour répondre à la question «Comment améliorer la durabilité des villes grâce à l'économie circulaire ?». Bien qu'un rapport ait été établi avec la durabilité des villes, l'intérêt des intervenants à cet événement en ligne a porté notamment sur l'économie circulaire. Leurs avis ayant majoritairement convergé vers l'instauration de ce modèle. L'économie circulaire comme seule alternative Comme l'exalte Ghizlaine Maghnouj Elmanjra, présidente de l'initiative Maroc Impact, «l'économie circulaire est le seul modèle alternatif». Pour elle, c'est une économie de modération aux niveaux macroéconomique et des entreprises. «Il y a aussi une histoire d'humanité parce que le circulaire replace l'humain au centre», enchaîne-t-elle. L'intervenante ne manque pas, par l'occasion, d'établir un lien entre le contexte sanitaire actuel et cette alternative. La Covid-19 étant, pour elle, une «opportunité pour écrire notre histoire liée à l'économie sociale et solidaire». De son côté, Radia Cheikh Lahlou, directrice de Déclic- agence Conseil en RSE- parle, cependant, de modèle de «pensée». A son sens, cette économie offre plutôt des opportunités en création d'emplois. Dans ce sens, elle donne l'exemple d'associations qui ont créé des emplois par le biais du recyclage. Pour illustrer son propos, elle avance, entre autres, le chiffre d'environ 140 kilos de déchets d'emballage par personne aux pays de l'OCDE alors que les grandes entreprises ont du mal à trouver de quoi recycler pour les emballages. «On est dans une situation d'urgence», commente-t-elle. Quatre leviers Egalement de la partie, François Michel Lambert, président de l'Institut de l'économie circulaire en France, qui estime que l'économie circulaire doit aider en termes de résilience, avance, lui, quatre leviers pour ce modèle. Il s'agit, selon ses dires, «de la fiscalité, de la réglementation, des incitations et du changement de comportements et des compétences». Des leviers entérinés par Mme Elmanjra. «L'économie circulaire ne peut se faire sans volonté politique et mise en œuvre d'incitations fiscales», avance-t-elle en partageant l'initiative d'expérimentation, en plein confinement, de mécanismes d'économie circulaire dans un tissu rural. La présidente, qui estime que la durabilité des villes dépend de celle du milieu rural, indique que cette expérimentation consistait en la mobilisation, sur seulement 10 jours, de fonds, avec le concours d'acteurs publics et privés, dans une démarche RSE, au profit de 60 coopératives. «Elles ont pu récupérer 80% de leur revenu annuel qu'elles récoltaient pendant le SIAM», explicite la responsable. Et ce n'est pas tout ! Les recommandations des participants L'intervenante préconise qu'il faut «ouvrir la voie à des acteurs du terrain qui sont les seuls à pouvoir massifier cette économie à l'échelle de la société». Pour une économie circulaire, deux éléments sont, à son sens, essentiels. «La volonté de transformer et celle de collaborer autrement tout en sortant de l'économie de la rente. Grâce à l'économie solidaire, on peut révéler les intelligences locales. L'économie sociale c'est 20% de PIB de plus pour notre pays», poursuit-elle en annonçant travailler sur des «hubs d'innovation frugale (inclusive)». Pour sa part, Jean-Denis Curt, responsable du Pôle Recyclage et Economie Circulaire, Groupe Renault, aborde le sujet selon un angle automobile. Pour lui, la transition de la mobilité consiste à «utiliser moins de ressources par le passager». «Il faut faire des transitions pour une économie circulaire», enchaîne-t-il. A propos du recyclage des véhicules hors d'usage, il indique qu'il faut «des standards de qualité au Maroc». Ce recyclage est visiblement fort apprécié par Mme Lahlou qui estime que ce procédé n'a «pas de filière formalisée». A ses yeux, l'économie de l'Afrique est déjà circulaire mais «sans incident positif sur la société». «J'appelle à une démarche globale sur la manière dont l'économie circulaire peut créer de l'emploi et résorber la pauvreté. C'est une économie qui a du bon sens puisqu'elle crée de la valeur sociale», avance-t-elle.